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Tous les conseillers vous le diront : le bon placement n’existe pas. En tout cas, il n’existe pas un placement qui serait bon tout le temps pour tout le monde et qui cumulerait tous les avantages sans avoir aucun inconvénient. La gestion de patrimoine n’est pas un long fleuve tranquille : l’allocation d’actifs retenue à un moment donné peut se révéler excellente dans un premier temps et donner des résultats désastreux ensuite. Celui qui cherche la plus-value ne fera pas les mêmes choix que celui qui recherche des revenus réguliers ; il peut d’ailleurs s’agir de la même personne, mais à des moments différents. De toute façon, on ne peut être simultanément à la recherche de la meilleure performance possible et de la sécurité maximale. Il faut choisir et les choix sont toujours difficiles.
Même si l’histoire ne se répète jamais, l’analyse du comportement passé des différents placements permet de dégager quelques enseignements utiles et d’éviter les erreurs les plus graves. C’est pourquoi les calculs des performances des placements sur longue période auxquels se livrent chaque année les experts de l’IEIF (Institut de l’épargne immobilière et foncière) sont toujours très précieux.
L’or en tête en 2010 et sur cinq ans
Pour l’année passée, le classement est sans surprise : on trouve l’or en tête, de très loin, devant tous les placements immobiliers, d’abord les placements directs en bureaux et en logements à Paris, puis les placements indirects par le biais des foncières cotées et des SCPI. Les actions (mesurées à l’aune de l’indice SBF 250) viennent ensuite ; le livret A parvient tout juste à compenser la hausse des prix tandis que, fermant la marche, les sicav obligataires et plus encore les Sicav monétaires réalisent des performances inférieures à la hausse des prix. Dans ce cas, l’épargnant s’est appauvri.
Ces résultats très flatteurs pour l’or et l’immobilier ne se retrouvent évidemment pas tous les ans. Les performances calculées sur des périodes plus longues en utilisant la méthode des revenus réinvestis (en supposant par exemple que les dividendes perçus une année ont été réinvestis en actions) donnent des résultats plus nuancés.
Sur les cinq dernières années, l’or est en tête, avec une performance moyenne de 20,2 % l’an, devant les foncières cotées (13,7 %) et l’immobilier d’entreprise (11,1 %, selon l’indice EDHEC IEIF Immobilier d’entreprise France) ; les SCPI enregistrent une performance de 9,8 % en moyenne. Les performances les plus médiocres ont été réalisées par les Sicav monétaires (2,4 %) et le livret A (2,5 %), ce qui est normal : dans le premier cas, il s’agit d’un placement de court terme et dans le second cas, plutôt que d’un placement, il faudrait parler d’une réserve de liquidités. Plus décevantes apparaissent les performances des Sicav obligataires (3,1 %) et des actions françaises (3,6 %), qui sont vraiment des placements de moyen et long terme.
Sur dix ans et vingt ans, les foncières cotées l’emportent
Sur les dix dernières années (2001-2010), l’or enregistre encore une performance moyenne annuelle élevée, de 14,5 %, mais il n’est plus en tête du classement : la première place est occupée par les foncières cotées, avec une performance de 18,5 %. Ce résultat mérite d’autant plus d’être souligné que les actions françaises dans leur ensemble n’enregistrent qu’un gain annuel de 3,2 %. Deux krachs boursiers dans une même décennie, cela laisse des traces ! Ces chiffres viennent conforter la thèse souvent défendue par pierrepapier.fr : à court terme, les foncières cotées peuvent subir de très fortes variations, et donc de très fortes baisses, comme les autres actions, mais à moyen et long terme leurs performances se rapprochent davantage de celles de l’immobilier. Viennent ensuite, sur cette période de dix ans, le logement à Paris (12,8 %), l’immobilier d’entreprise (12,4 %) et les SCPI (10,9 %).
Sur vingt ans (1991-2010), les foncières cotées sont encore en tête avec une performance globale moyenne annuelle de 12,8 %. Et là, grâce à une décennie 90 très favorable, surtout sur la fin, les actions françaises arrivent à la deuxième place, avec une performance de 11,2 %, devant le logement à Paris (7,8 %), les SCPI enregistrant une performance de 6,3 % face à une inflation de 1,7 % l’an. Et sur les trente dernières années, ce sont les actions qui arrivent en tête, devant les foncières cotées (13,3 %) et les bureaux à Paris (13,1 %), les SCPI arrivant à 8,5 %, chiffre à comparer à une hausse moyenne des prix de 3,1 % l’an.
Pas de performance sans prise de risque
Enfin, la lecture sur la plus longue période permise par ces statistiques (depuis la fin de 1972) confirme ce que les chiffres précédents suggéraient : sur le long terme, le livret A est un piètre placement et les actions sont le plus performant de tous. Mais, en disant cela, on ne dit qu’une demi-vérité : on oublie la contrepartie de la performance, qui est la prise de risques. Et le risque n’est pas une notion abstraite, on le mesure de façon très précise par la volatilité, qui montre l’écart des performances de chaque produit par rapport à la moyenne sur la période. Avec un placement volatil, on peut avoir la chance de vendre à un très bon moment, mais on court aussi le risque de devoir vendre à un très mauvais moment en cas de besoin.
Que constate-t-on ? Depuis la fin de 1972, trois des quatre placements ayant réalisé la meilleure performance moyenne sont aussi ceux qui ont enregistré, et de très loin, les plus fortes volatilités : il s’agit des actions françaises (performance moyenne de 14,4 %, volatilité de 26,6 % par rapport à la moyenne des cours enregistrés sur la période), des foncières cotées (performance moyenne de 14,2 %, volatilité de 24,7 %) et de l’or. Ce dernier arrive au quatrième rang par la performance (11 %), mais au premier par la volatilité (28,1 %), ce qui, au passage, balaie une idée reçue : l’or n’est pas un placement tranquille et sûr. Autrement dit, ceux qui ont réalisé ces placements sur 38 ans ont été largement gagnants, mais ils sont passés par des phases d’émotions fortes et ceux qui ont été obligés de vendre au cours de cette période l’ont fait parfois dans de très mauvaises conditions.
En revanche, le logement à Paris arrive au troisième rang, devant l’or pour la performance (12,7 %), avec une volatilité trois fois moindre (9,1 %). Et les SCPI arrivent à une performance moyenne nettement plus forte que celle des Sicav obligataires (9,3 % contre 7,2 %), avec une volatilité guère plus forte (7,4 % contre 6,2 %).
Il appartient à chacun d’entre nous d’en tirer les conclusions qu’il souhaite. Ceux qui ont le goût du risque se sentiront renforcés dans leurs convictions : le risque paie, même si ce n’est pas toujours le cas à court terme. Ceux qui sont enclins à plus de prudence verront qu’on peut faire de bons placements sans prendre des risques excessifs. En ce qui concerne la pierre-papier, le constat est clair : on n’achète pas des parts de SCPI comme on achète des actions de sociétés foncières. Dans le premier cas, on privilégie la régularité du revenu; dans le second cas, on recherche davantage la performance, quitte à prendre plus de risques. L’un n’exclut pas l’autre d’ailleurs : on peut très bien avoir une part de son patrimoine en SCPI et une autre en foncières cotées ou Sicav ou fonds communs de placement immobiliers. Tout dépend des objectifs que l’on vise.
G. H.
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