Le début de l’année a été marqué, nous l’avons salué en son temps, par une croissance du PIB de la France de 1 %, rythme auquel nous n’étions plus guère habitués (ou alors pour une année entière, pas pour un seul trimestre !). Certes, on savait que cela ne durerait pas. L’Insee vient de le confirmer, avec une prévision de croissance de 0,4 % pour le deuxième trimestre et de 0,5 % pour chacun des deux derniers trimestres de l’année. Au total, on arriverait à une croissance de 2,1 % sur l’ensemble de l’année, venant après un chiffre négatif de 2,6 % en 2009 et un rebond de 1,4 % en 2010. Autrement dit, la France renouerait avec une croissance modérée.
Rien n’est acquis
Mais cette croissance ne se fait pas sans à-coups ni incertitudes. Pour aucune zone géographique, les prochains mois ne s’annoncent sereins, même dans les économies émergentes qui bénéficient des taux de croissance les plus vigoureux. En Chine, par exemple, l’inflation a retrouvé, à 5,5 % en rythme annuel en mai, son niveau le plus élevé depuis juillet 2008 et les mesures prises par les autorités monétaires pour calmer le jeu commencent à peser sur l’activité manufacturière. Aux Etats-Unis, les doutes s’accumulent sur la capacité de l’économie à retrouver un rythme de croisière soutenu et à créer des emplois. Au Japon, la reprise devrait s’intensifier au cours des prochains mois, mais le choc provoqué par le tsunami a été profond. Quant à l’Europe, la reprise y est à plusieurs vitesses et les incertitudes entourant le règlement de la question grecque pèsent lourdement sur tous les pays ayant des finances publiques fragiles.
La Bourse trébuche
Dans ce contexte, les marchés boursiers sont très chahutés avec des phases de hausse à chaque nouvelle positive (comme par exemple l’espoir d’un accord européen sur la Grèce) et de rechute (quand, par exemple, les dernières informations concernant la conjoncture américaine sont négatives). La progression du CAC 40 depuis le début de l’année oscille autour de zéro.
Dans ce contexte, que font les foncières cotées et les OPCVM immobiliers ? Ils se comportent plutôt bien. Certes, les jours de forte inquiétude, les grandes foncières ayant un actionnariat international subissent aussi des pressions à la baisse. Mais, dans l’ensemble, le secteur joue son rôle défensif.
Si l’on compare à fin mai les performances réalisées par l’immobilier coté et celles réalisées par les marchés d’actions dans leur ensemble sur la base de la performance globale (en tenant compte donc de la variation des cours mais aussi des dividendes versés et supposés réinvestis), on voit que les écarts sont loin d’être négligeables : au niveau français, depuis le début de l’année, 8 % pour le CAC 40, 16,01 % pour l’indice Euronext IEIF SIIC France ; au niveau de la zone euro, 4,91 % pour le Dow Jones Euro Stoxx 50, 9,78 % pour l’indice IEIF Eurozone ; au niveau de l’Europe, 4,04 % pour le Dow Jones Stoxx 50, 12,59 % pour l’indice Euronext IEIF REIT Europe.
Un tracker qui double de taille du jour au lendemain !
Ces écarts n’ont pas échappé aux gestionnaires de capitaux. Ainsi, le 21 juin, on a vu subitement l’encours du tracker Amundi ETF Real Estate REIT IEIF passer de 16,5 millions d’euros à 33,3 millions, soit un doublement pur et simple, du fait de la souscription de 82.000 parts. Rappelons que ce fonds a pour objectif de répliquer les performances de l’indice Euronext IEIF REIT Europe, qui comprend 28 sociétés foncières cotées (des REIT selon le sigle anglophone, pour Real Estate Investment Fund), dont 11 pour le Royaume-Uni, 7 pour la France (Foncière des régions, Gecina, Icade, Klépierre, Mercialys, Silic et Unibail-Rodamco), 5 pour les Pays-Bas, 2 pour l’Italie et la Belgique, 1 pour l’Allemagne.
Mais si les trackers (tous les fonds qui se proposent de répliquer un indice) réalisent de belles performances, les OPCVM classiques ne sont pas en reste : sur un an à fin mai, les hausses (dividendes réinvestis) s’étagent entre 12,7 % pour le moins performant et 39,3 % pour le plus performant (une Sicav de State Street). Les épargnants français ont le choix entre 56 OPCVM immobiliers, dont 13 sont des trackers et 9 des fonds de fonds.
Bien évidemment, ils peuvent aussi choisir de composer eux-mêmes leur portefeuille en faisant leur propre sélection parmi les 41 SIIC cotées dont pierrepapier.fr parle régulièrement. Sur un an, les variations de cours faisaient ressortir ce 23 juin quelques belles variations : 88,4 %pour Gecimed (qui n’est plus cotée depuis le 16 mai), 64,4 % pour Eurosic, 62,3 % pour la Foncière des 6° et 7° arrondissements de Paris, etc., les hausses enregistrées par les sept plus grosses valeurs du secteur s’établissant entre 33 % pour Gecina et 5,3 % pour Foncière des Régions.
Les sociétés foncières ne représentent assurément qu’un petit secteur de la cote. Mais ce secteur ne doit pas être oublié, surtout quand les autres sont malmenés.
Gérard Horny