Les montants record collectés par les SCPI en 2011 ont sensiblement rebattu les cartes des parts de marchés entre les sociétés de gestion. Si La Française a confirmé son leadership avec une collecte brute de 520,57 millions d’euros, elle n’a obtenu que 16,3 % du total des SCPI, ce qui lui vaut une part de marché inférieure à son poids dans la capitalisation totale au 31 décembre dernier dont elle détient 22,7 % des 24,84 milliards d’euros. Au regard de la collecte nette, le différentiel est encore plus important puisque la part de La Française ressort alors à 15,2 % du total.
Le même constat peut être fait, dans une moindre mesure, pour Amundi qui est le troisième collecteur brut avec 10,3 %, cinquième en collecte nette (10 %) avec des parts de marché sur la levée de capitaux inférieures à son rang et sa part dans les encours (deuxième avec 11,4 % du total).
Le cas du groupe BNP Paribas est un peu particulier. S’il peut apparaître avec une collecte brute de 399,2 millions comme le deuxième collecteur brute ( 12,5 %) et fait donc mieux que les 11 % des encours de SCPI que le groupe bancaire détient, une part importante de cette collecte a bénéficié la SCPI Primopierrre qui est passée sous la gestion de Primonial en cours d’année. Celle-ci avait été créée en2008. Initialement gérée par BNP Paribas qui en avait accordé la distribution exclusive à Primonial, cette dernière a naturellement repris sa gestion après avoir été agrée comme société de gestion de SCPI par l’autorité des marchés financiers en avril 2011.
C’est du côté des indépendants qu’il faut chercher pour trouver un des principaux acteurs ayant conforté ses positions. Sofidy, était déjà la première société de gestion indépendante avec une capitalisation de 1,69 milliards d’euros en 2010, et quatrième au classement général. Le spécialiste des murs de magasins campe toujours à cette place et à celle de premier indépendant du secteur mais il est parvenu à s’octroyer 10,2 % de la collecte brute alors qu’il ne détient que 8,2 % (7,6 % en 2010) de l’encours des SCPI. Il ravit à Ciloger la deuxième place en terme de collecte nette.
Quant à Perial, c’est la société de gestion qui progresse le plus en terme de rang, passant de la onzième à la huitième place, alors que ses encours de SCPI progressent de 25 %, à 1,18 milliard d’euros. Le groupe familial Perial signe d’ailleurs la principale augmentation de capital avec sa SCPI PFO2 qui a collecté 219 millions d’euros (7,8 % du total des augmentations de capital).
Primonial a réalisé elle aussi une belle année 2011. La société de gestion qui a pris son essor l’an dernier est à la tête d’une capitalisation de SCPI de 614 millions et voit sa part passer de de 1,8 à 2,4 %. De même que Paref Gestion voit sa part grimper de 1,4 à 1,6 %. La société de gestion n’a pas été handicapée par la remise en cause de la fiscalité des plus-values qui concerne au premier rang son navire amiral la SCPI Pierre 48. Mais Paref Gestion a su mobilier efficacement son réseau de 370 conseillers de gestion de patrimoine indépendants pour recycler les parts des épargnants apeurés par la nouvelle fiscalité : 6 % de son encours a changé de mains, démontrant ainsi un marché secondaire très actif avec un taux de rotation de 6 %, 4,5 fois plus élevé que celui de l’ensemble des SCPI.
Dans le bas du classement des 22 groupes qui ont collecté l’an dernier (parmi les 25 sociétés de gestion agréées par l’AMF) on constate aussi du mouvement. Au terme de sa première année (incomplète !) d’exercice Corum a déjà collecté 5,8 millions d’euros. Avenir finance porte ses encours de 8 à 13 millions d’euros. Urban Premium fait encore mieux en triplant sa capitalisation 29,6 millions.
Des gains de parts de marché sont également à observer chez des acteurs de niche. Le spécialiste des SCPI Malraux, Intergestion a vu ses encours passer de 142millions d’euros à 172 millions d’euros portant sa part de marché de 0,6 à 0,7 %. Une performance d’autant plus honorables que le segment de SCPI fiscales est resté l’an dernier à l’écart de la hausse globale de la collecte qui a surtout profité aux SCPI Classiques diversifiées (+ 74 %) et aux régionales (+27,4%) tandis que les SCPI fiscales voyaient leur collecte nette refluer de près de 30%.
Christophe Tricaud