Au Moyen Age, le risque majeur des alchimistes était de finir sur le bûcher. C’est à quelque chose près ce qui est arrivé, il y a un demi-siècle, aux découvreurs de la formule SCPI.
On aurait du mal aujourd’hui à prendre au sérieux les arguments de l’accusation contre les alchimistes d’autrefois… et, à seulement un demi-siècle de distance, il devient déjà difficile de comprendre ce qu’on a bien pu reprocher aux protagonistes des énormes scandales des « Civiles ».
Des « affaires »
Car l’affaire de la “Garantie Foncière“, puisque c’est notamment d’elle qu’il s’agit, et qui a éclaté en 1971, est restée dans bien des mémoires. Une célèbre et gigantesque escroquerie. Plus de trente avocats et quarante journalistes ont été mobilisés pour un procès qui devait s’étendre sur trente-six audiences. Pourtant, si l’on étudie le dossier aujourd’hui, avec le minimum de sérénité que permet le recul, on est en droit de devenir perplexe, très perplexe, devant des griefs qui se dissolvent comme par enchantement au premier examen.
A peine la dernière audience du procès de la Garantie Foncière avait-elle eu lieu, que démarrait un autre procès, celui de la “Civile Foncière“, qui devait lui aussi mobiliser parmi les meilleurs avocats de l’époque, et qui devait durer trente audiences. Là encore, on ne peut s’empêcher aujourd’hui de se demander où était véritablement le problème.
Quant au “Patrimoine Foncier“, troisième avatar de la retentissante affaire des Civiles, le scénario est un peu différent, car il y avait eu, dans ce cas précis, un détournement de fonds. Mais le schéma reste curieusement assez semblable. Beaucoup de complexités et de controverses, beaucoup de tapages et de procédures, une incroyable quantité de fumée, alors qu’il y avait un délit vieux comme le monde, parfaitement identifié et facile à corriger : quelqu’un avait pioché dans la caisse et pouvait encore être appelé à rembourser, ce qui ne lui fut même pas demandé.
Tout cela peut sembler extraordinaire, voire incroyable, et je dois reconnaître que j’ai beaucoup hésité avant de me décider à écrire quelques lignes sur les gigantesques scandales qui ont entouré la naissance des SCPI. Par inclination personnelle, je préfère porter mon attention sur les éléments positifs et encourageants.
Malheureusement, à force de jeter un voile de pudeur sur ce qui s’est passé à l’époque, on a laissé s’installer une version terriblement éloignée de la réalité. C’est précisément ce qui m’a intrigué.
J’avais retenu, comme tout le monde, la version officielle : les Civiles étaient un placement marginal, né d’une belle idée simple mais sur les bas-côtés de l’épargne classique, si bien qu’au départ de franches escroqueries avaient côtoyé les gestions les plus sérieuses, et qu’il avait fallu faire intervenir des réglementations spécifiques pour mettre cette formule à l’abri des tentations indélicates : d’où la loi de 1970 qui a donné naissance aux SCPI.
Mais ce n’est pas ce qui s’est passé