Colliers évalue à 7 000 milliards d’euros le coût de la mise à niveau des bâtiments existants, en Europe, pour se conformer aux exigences ESG en matière immobilière. Il s’inquiète surtout de l’absence d’une référence mondiale pour évaluer la performance ESG.
« Le défi actuel consiste à comprendre ce qu’il faut faire exactement pour calibrer les portefeuilles immobiliers en fonction des exigences à venir, notamment en matière de décarbonisation », résume Luke Dawson, le directeur général de Cross Border Capital Markets, EMEA, chez Colliers. L’étude[1] que vient de publier ce spécialiste mondial de l’investissement en immobilier estime qu’en l’état actuel des réglementations, ce sont déjà environ 7 000 milliards d’euros qu’il faudra investir pour moderniser les bâtiments existants. Et les porter au niveau des nouvelles exigences ESG. Rien que pour les actifs situés en Europe…
Un coût annuel estimé à 300 Md€
Une somme exorbitante – surtout à la charge de l’immobilier résidentiel – qui sera répartie sur les 25 prochaines années, « si nous voulons atteindre l’objectif “net zéro” », précise Damian Harrington, Head of Research EMEA et Head of Capital Markets Research Monde de Colliers. Exorbitante, car la contribution annuelle à la conformité ESG – environ 300 milliards d’euros – équivaut au volume annuel ordinaire des investissements immobiliers en Europe. Les ajustements nécessaires – le temps que les investisseurs s’approprient et se préparent aux nouvelles normes – risquent en outre de peser sur l’activité transactionnelle. Cette phase de préparation sera enfin d’autant plus longue – et coûteuse – que le cadre réglementaire n’est pas encore stabilisé. Colliers rappelle notamment que la réglementation européenne sur la divulgation des informations financières durables (SFDR) n’a été promulguée que cette année.
Pour Colliers, l’implication ESG des investisseurs est « impérative »
La directive sur les rapports des entreprises quant à la durabilité (CSRD) n’entrera en vigueur qu’en 2023. Elle pourrait créer de nouveaux défis, notamment sur les rapports bailleurs/locataires. Qui viendront s’ajouter à ceux produits par les réglementations nationales déjà en vigueur. Comme, en France, le décret tertiaire qui vient d’être mis à jour. Mais pas question d’attentisme pour autant. Colliers recommande un engagement immédiat et constant des investisseurs immobiliers. Pour améliorer « leur compréhension du rôle potentiel de l’ESG dans leurs portefeuilles ». Et en s’assurant « des compétences internes et des partenariats nécessaires ». Colliers estime notamment que le « G » – la gouvernance – prendra une place croissante dans les démarches ESG.
Les immeubles durables se louent plus chers et plus vite
Si les normes ESG ne sont pas encore harmonisées, elles ont déjà un impact sur le niveau des loyers et la valorisation des actifs. Une étude des Notaires de France démontrait récemment les conséquences des étiquettes énergétiques sur la valeur des logements. CBRE vient quant à lui d’étudier la relation entre les certifications de durabilité et les loyers des immeubles de bureaux dans plusieurs grandes villes européennes. Il constate une prime de loyer de 21% en moyenne pour les immeubles de bureaux certifiés par rapport aux immeubles non certifiés, sur une période de 5 ans. Une prime qui s’avère moins élevée pour les métropoles françaises (Paris est à 15%), leurs marchés étant « plus anciens et plus matures », précise CBRE.
Les avantages associés aux bâtiments durables sont capitalisés dans leur valeur marchande
Les bâtiments certifiés présentent en outre des taux de vacance inférieurs. Et une vitesse de location plus élevée que la moyenne de leur marché local. A Paris, le taux de vacance sur les actifs certifiés n’est que de 1,5%. Contre 6,7% pour l’ensemble du marché. Ce qui démontre clairement, estime Ludovic Chambe, directeur RSE et développement durable Europe continentale de CBRE, que « les avantages associés aux bâtiments durables sont capitalisés dans la valeur marchande »…
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A propos de Colliers(i)
Colliers est une entreprise de premier plan offrant une gamme diversifiée de services professionnels et de gestion de placements. Avec des activités dans 65 pays, nous comptons plus de 15 000 professionnels. Qui travaillent en collaboration pour fournir des conseils spécialisés aux occupants, propriétaires et investisseurs immobiliers. Depuis plus de 26 ans, notre leadership expérimenté associé à une connaissance profonde du secteur a offert à nos actionnaires des rendements composés annuels de près de 20 %. Avec des revenus annualisés de 3,6 milliards de dollars (4,0 milliards de dollars en incluant les sociétés affiliées) et 46 milliards de dollars d’actifs sous gestion, nous maximisons le potentiel des biens immobiliers. Et accélérons la réussite de nos clients et de nos employés.
A propos de CBRE(i)
Groupe CBRE, Inc. (NYSE:CBRE), société cotée du Fortune 500 et du S&P 500 dont le siège social est à Dallas, est la plus grande société de services et d’investissement en immobilier commercial au monde (sur la base du chiffre d’affaires 2020). La société emploie plus de 100 000 personnes au service de clients dans plus de 100 pays. CBRE s’adresse à différentes typologies de clients et offre une large gamme de services intégrés. Notamment la gestion des installations, des transactions et des projets, la gestion immobilière, la gestion des investissements. Mais aussi l’évaluation et la valorisation, la location de biens immobiliers, le conseil stratégique. Ainsi que la vente de biens immobiliers, les services hypothécaires et les services de développement.
(i) Information extraite d’un document officiel de la société
[1] « ESG at a tipping point » – Colliers – Octobre 2021