La collecte des OPCI grand public reste atone. Elle a encore reculé entre le 2e et le 3e trimestre 2021. La décollecte du leader du marché, Opcimmo, pèse sur les chiffres, mais pas sur la tendance. A ce rythme, la collecte annuelle des OPCI devrait à peine dépasser les 200 M€. Contre 1,8 Md€ en 2020.
« Les volumes de souscriptions nettes restent historiquement faibles », reconnaît l’ASPIM dans son dernier communiqué[1]. Au troisième trimestre 2021, les OPCI grand public n’ont de fait collecté que 33 M€. Soit près de 27% de moins qu’au 2e trimestre (45 M€). Et 70% de moins qu’au 1er trimestre (110 M€)…
Une collecte trimestrielle très largement inférieure aux 100 M€
Surtout, les chiffres de la collecte 2021 des OPCI sont désormais loin, très loin, de ceux atteints par ces véhicules avant la crise sanitaire. Au plus fort de leur popularité, en 2016 et 2017, le niveau de leurs souscriptions annuelles frôlait les 4 milliards d’euros. Leur collecte trimestrielle oscillait alors entre 700 M€ et 1,4 Md€. Après une année 2018 en demi-teinte (2,2 Md€), l’année 2019 s’affichait encore avec des collectes trimestrielles supérieures à 500 M€. Au 1er trimestre 2020, et malgré un mois de mars en partie amputé par la crise sanitaire, ils collectaient même encore près de 1,3 Md€… Depuis le 2e trimestre de l’an dernier, leur collecte trimestrielle ne cesse en revanche de reculer. Elle passe de 331 M€ à 247 M€, puis à 106 M€ au 4T 2020.
La collecte annuelle dépassera à peine les 200 M€, sauf rebond
Du fait d’un 1er trimestre quasi historique, les OPCI terminent toutefois l’année 2020 sur un montant quasi identique à celui de 2019 (1 856 M€ vs 1 849 M€). Si le 4e trimestre 2021 s’avère aussi morose que les trimestres précédents, la collecte de l’année en cours dépassera à peine les 200 M€… En deçà des scores enregistrés par ces véhicules en 2012 (349 M€) et 2013 (289 M€). Comment expliquer un tel recul ? En 2020, les OPCI ont clairement pâti de la crise sanitaire. Elle a affecté, comme la quasi-totalité des produits d’épargne, leur capacité à collecter. Elle a aussi impacté le niveau de leurs performances. Leur composante actions de foncières cotées a joué en leur défaveur. Alors que la performance globale des SCPI s’est globalement maintenue l’an dernier (5,30 % vs 5,60%), celle des OPCI est en effet passée en zone négative.
Une mauvaise performance 2020 peut expliquer le recul de la collecte
Le recul moyen de leurs valeurs liquidatives s’établissait en 2020 à 1,54%. Une contre-performance que les réseaux de distribution d’OPCI ont sans doute eu du mal à faire passer auprès d’éventuels nouveaux souscripteurs. Ainsi que des actionnaires existants… Ce postulat – à confirmer, donc – vaut notamment pour le leader du marché des OPCI, Opcimmo. Cet OPCI poids lourd – il pèse encore aujourd’hui plus de 8,3 Md€ – s’est imposé ces dernières années grâce à un niveau de collecte exceptionnel. Qui le positionnait régulièrement aux premières places des palmarès. Dès 2015, sa collecte mensuelle dépassait les 100 M€. Il franchissait alors le seuil du milliard d’euros de capitalisation. Les années suivantes furent encore plus prolifiques. Certains mois (mars 2016 et février 2017), sa collecte se situait au-delà des 300 M€. Le montant de ses souscriptions nettes annuelles dépassait ou frôlait alors les 2 milliards en 2016 et 2017.
Opcimmo ne joue plus son rôle de collecteur vedette
En 2018 et 2019, la collecte Opcimmo retrouvait un rythme plus « raisonnable ». Un milliard en 2018. 621 M€ en 2019. Mais l’OPCI d’Amundi Immobilier restait néanmoins encore, le plus souvent, en tête des classements en termes de souscriptions. Même si son leadership était déjà challengé par d’autres véhicules. Alors que sa collecte pouvait auparavant représenter jusqu’à 50% de la collecte globale de l’ensemble des OPCI, elle se positionnait désormais plutôt aux alentours du quart du marché. En 2019, les OPCI d’Amundi Immobilier partageaient donc déjà la vedette avec les OPCI gérés par AXA REIM (20,3% de la collecte globale) ou par BNP Paribas REIM France (19,2%). En 2020, c’est une tout autre tendance que se dessine.
L’OPCI d’Amundi Immobilier est en décollecte depuis un an
Après un 1er trimestre (347 M€) en rebond par rapport aux trimestres précédents, la collecte d’Opcimmo s’effondre. Elle tombe à 30 M€ au 2e trimestre. Se redresse à peine au 3e (73 M€). Et passe en zone négative au 4e (-2,25 M€). Depuis cette période, Opcimmo est de fait en situation de décollecte. Après un pic en mars dernier (-109 M€ de souscriptions nettes), le niveau de la décollecte tend toutefois à se réduire. Elle n’était plus que de 28,4 M€ en septembre. Mais, depuis le début de l’année, c’est bien au total 374 M€[2] d’encours qu’aura perdu Opcimmo. Cette décollecte, qui était encore de 123 M€ au 3e trimestre, impacte donc fortement le chiffre global de la collecte trimestrielle des OPCI. Mais les scores obtenus par les véhicules les plus collecteurs n’en demeurent pas moins, eux aussi, très en deçà de la période pré-Covid.
Mais reste, de loin, le leader du marché des OPCI en termes d’encours
BNP Paribas Diversipierre, le mieux disant sur la période (31,2 M€), fait moins bien qu’au 2e trimestre (127 M€). Celui d’Aviva Investors fait mieux (22,9 M€ vs 16 M€), mais sans revenir à ses scores d’avant 2020. Sofidy Pierre Europe retrouve en revanche son niveau de collecte pré-crise (autour de 25 M€). Ces évolutions, finalement faibles en montant relatif, ne modifient toutefois pas la répartition en termes d’encours. Amundi Immobilier et son OPCI Opcimmo restent l’incontournable leader, avec une capitalisation toujours largement supérieure aux 8 milliards d’euros…
Frédéric Tixier
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(i) Information extraite d’un document officiel de la société
[1] « Les fonds immobiliers non cotés collectent 2,2 milliards d’euros au troisième trimestre 2021 » – ASPIM – 15 octobre 2021.[2] Dont 460 M€ dus à l’effet souscription nette négative, la différence s’expliquant par l’effet revalorisation.