Rien ne va plus !
Ce sont les mots du croupier, à la roulette, avant que le suspense ne commence pour les joueurs. C’est aussi ce que nous disent, jour après jour les experts et les media.
Il me semble que pour interprêter la situation actuelle, la comparaison avec le casino n’est pas dénuée de fondement, et ceci pour deux raisons.
– D’abord pour prévoir, il faut une certaine visibilité. Or en matière d’économie, nos instruments d’observation ne marchent plus.
Nous avons entendu récemment les organismes les plus réputés réviser leurs prévisions de croissance pour l’Europe de 1,9 à 1,8 %. Terrible ! Mais ce qui est terrible surtout c’est que la croissance est mesurée statistiquement par l’évolution du PIB, le Produit Intérieur Brut. Or celui-ci a été conçu
1 – pour des économies industrielles et
2 – des économies avec des frontières relativement fermées : il n’est donc pas franchement adapté à l’économie d’aujourd’hui majoritairement tertiaire et mondialisée.
Ainsi Google, dont le chiffre d’affaire annuel avoisine les 100 milliards de dollars – près de 4 % du PIB de la France ! – ne figure pas dans le calcul du PIB. Facebook non plus, d’ailleurs, ni Twitter ni bien d’autres : c’est simple, ils sont gratuits pour les internautes. Certes, leur chiffre d’affaires correspond aux dépenses des annonceurs qui, eux, sont dans le calcul du PIB. Pour le dire plus simplement,
c’est comme si pour mesurer la température d’une personne, on mettait le thermomètre sur le lit pour savoir de combien il a chauffé… bonjour la précision.
Alors, quand on ne sait plus mesurer la croissance à 1 ou 2 % près, et qu’on nous annonce qu’elle va baisser de 0,1 ou de 0,2 %… cela donne le sentiment du moment, rien de plus.
– Ensuite, pensez-vous que l’on puisse prévoir vraiment ce que va faire Donald Trump ? Ou Vladimir Poutine, ou Xi Jinping ou, près de nous, Emmanuel Macron ? De leurs décisions et de leurs actions pourtant, peuvent dépendre énormément de choses.
Alors que va-t-il se passer en 2019 pour notre économie ? Le début de la sagesse, donc de la lucidité, est de dire que tout le monde peut en parler mais que personne n’en sait rien.
Pour l’immobilier, la situation n’est pas plus limpide. Ce qu’on peut dire, c’est qu’il se situe à un carrefour très fréquenté :
- le logement des particuliers,
- celui des entreprises aussi, avec ce que cela implique d’évolutions à marche forcée,
- l’épargne des particuliers
- l’investissement des institutionnels,
- la réduction des dépenses énergétiques,
- la transformation de nos villes,
- etc. etc.
Le dynamisme du secteur immobilier a donc de solides raisons de continuer sur sa lancée. Oui, mais raison n’est pas prévision. D’autant plus que l’immobilier dépend étroitement de la santé économique. Donc retour à la case départ, aux questions sur la croissance.
Trop d’inconnues, donc, et dans les deux sens, positives ou négatives. Je ne sais pas si les prochains mois seront bons ou mauvais, mais je suis prêt à parier qu’en fin d’année, on s’apercevra que le bruit brouillait le signal.
Et puisque les experts et les média insistent aujourd’hui abondamment sur les risques, doit-on s’inquiéter, doit-on cesser d’entreprendre, d’innover, de faire des projets ?
Un jour, au cours d’une conférence de presse, un journaliste demanda à Henry Kissinger s’il pensait qu’une crise grave pourrait survenir dans le monde prochainement. Celui-ci sortit son agenda, le feuilleta quelques instants, puis répondit calmement : « Désolé, mon agenda est déjà rempli ».
C’est peut-être la meilleure philosophie en fin de compte.
Je vous souhaite une très, très bonne journée.