Une fois de plus, Donald Trump n’a pas fait comme les autres. Dans la très grande majorité des cas, les élections « mid-term », donc juste au milieu du mandat de Président, se soldent par une cuisante revanche du parti d’en face. Cela n’a pas été vraiment le cas cette fois-ci. Le Président actuel s’inscrit donc dans les rares exceptions de l’histoire politique américaine.
Mais c’est original aussi sous un autre angle. En effet, la première moitié du mandat de Trump correspond à une économie américaine en pleine santé. Alors, avec un chômage historiquement bas et des salaires en hausse, un certain nombre d’observateurs espéraient ou même attendaient une vague anti-Trump. Pourquoi ? Parce que le plus souvent la situation objective n’est pas un argument pour la reconnaissance du peuple. C’est là que Trump a déjoué les pronostics.
Mais peut-être avez-vous un doute sur cette « loi historique » selon laquelle la popularité ne répond pas aux critères de l’objectivité ?
Eh bien, regardons un peu notre histoire de France.
En 1604, grâce au bon Sully, ministre du grand Henri IV, le « budget » de l’administration royale était excédentaire. À partir de là il n’a cessé de s’enfoncer vertigineusement dans le négatif, jusqu’à ce qu’un miracle le remette d’aplomb. Et qui a fait ce miracle ? Vous ne devinerez pas, ce personnage a définitivement perdu sa réputation de financier : eh oui, il s’agit du surintendant Fouquet. Étonnant, non ? C’est lui pourtant qui a emmené le jeune Louis XIV à Saint Germain en Laye pour protéger la royauté pendant les troubles de la Fronde. Ensuite, quand le calme est revenu, et parmi d’autres actions importantes, Nicolas Fouquet prit une initiative : comme plus personne ne voulait prêter au Roi, il décida d’utiliser son immense fortune pour se porter caution des emprunts. La suite est bien connue, Fouquet fut arrêté par d’Artagnan sur ordre du Roi, et, l’anecdote mérite d’être rappelée, un ministre aujourd’hui encore doté d’une excellente réputation eut l’idée de considérer que les dettes du Roi seraient remboursées…sur la fortune de Fouquet, puisqu’il les avait garanties. L’histoire est cruelle. Toujours est-il que le budget fut à nouveau, pour un instant, en bonne santé, avant de baisser vertigineusement pendant plus d’un demi-siècle…jusqu’à un nouveau miracle. Et qui cette fois-ci redressa le budget et désendetta les français ? Vous ne devinerez pas non plus. Un certain John Law, mais oui. Il introduisit le billet de banque, créa à Paris l’une des premières bourses du monde, développa le commerce et obtint une nouvelle prospérité avant une bulle puis une gigantesque faillite qui, elle, est restée accrochée à son nom, cruauté de l’histoire. Puis le budget du Royaume ne cessa à nouveau de s’aggraver vertigineusement, jusqu’à la Révolution.
Au lendemain de celle-ci et dans les années qui suivirent, Napoléon 1er fut pour notre pays une catastrophe démographique, il décima la population par un nombre effrayant d’hommes tués sur ses champs de bataille. La conséquence directe en fut une catastrophe économique. Mais l’histoire le dit, c’est un grand homme. Quelques décennies plus tard, et logiquement, la France avait raté la révolution industrielle de ses voisins européens. C’est alors qu’un certain Napoléon III entreprit de moderniser notre pays, de refaire ses villes, de lui faire connaître à lui aussi la grande révolution industrielle. Œuvre remarquable ! Mais il en reste surtout le quolibet de Victor Hugo : « Napoléon le petit ».
Nicolas Fouquet, John law, Napoléon III. Eux ont fait de grandes choses, les faveurs de la réputation ont été distribuées à d’autres. Cela donne à réfléchir. Creusez le déficit, on vous aimera. Redressez l’économie, vous serez détesté, et l’histoire ne se souviendra pas de vous.
Étonnant, non ?
Pour revenir à l’immobilier, nous savons tous par exemple ce que nous devons au baron Haussmann. Une œuvre immense et formidable, que nous voyons encore dans nos grandes villes. Et voilà, après la fin de son aventure, lorsque l’Opéra Garnier fut enfin inauguré, Haussmann ne fut pas sur la liste des invités, pas plus d’ailleurs que l’architecte Charles Garnier !
Non, l’action et la reconnaissance ne voyagent pas sur la même route…
Heureusement il reste le plaisir de l’action, de la réalisation et çà, dans notre secteur, nous connaissons.
Je vous souhaite une très bonne journée.