La Bourse baisse depuis le début de l’année. Auparavant, elle affichait une santé éclatante. Pourquoi ces mouvements de grande ampleur ? Et pourquoi les explications viennent-elles toujours après, pas avant ?
Bonjour,
J’espère que vous allez bien !
Aujourd’hui nous allons parler du placement en actions. Il y a un phénomène qui vous a peut-être étonné. Ceux ou celles d’entre vous qui ont, comme moi, déjà vécu un certain temps, vous n’avez pas l’impression qu’on entend les mêmes histoires à chaque grande hausse, et les mêmes histoires à chaque grande baisse ?
Avec la Bourse, on croit être dans les finances, on est convaincu de vivre avec l’économie là où elle se fait ! Mais tout se passe comme si nous étions dans un stade, avec des commentateurs sportifs qui s’époumonnent de joie ou se lamentent bruyamment au fur et à mesure des mouvements des joueurs.
Alors, la Bourse se comporte-t-elle de façon raisonnable, logique, ou est-elle complètement fantasque et imprévisible ?
Les actions affichent de belles performances à long terme
D’abord une observation toute simple, indiscutable, indiscutée. Quand on regarde dans le rétroviseur, sur longue période, les performances boursières sont en phase avec l’économie. En clair, les cours des actions ont progressé comme les bénéfices des entreprises.
Et cela donne un premier résultat très amusant. Avec les performances passées, surtout si l’on accumule les années, il est facile de démontrer qu’il fallait acheter des actions, que c’est un placement formidable, que vous auriez gagné tant et tant. Oui, mais…si c’était vrai, cela fait longtemps qu’il y aurait trente millions d’actionnaires en France !
Mais la Bourse a un vrai problème
Quel est donc le problème ? Eh bien c’est justement qu’au jour le jour, au mois le mois, la Bourse est emportée par les émotions. Elle monte, tout le monde est enthousiaste, vous achetez, et boum, elle redescend. Ou bien le pessimisme le plus noir s’impose, les experts vous expliquent que tout va aller de plus en plus mal, vous vendez, et paf, la bourse remonte.
Sur quelques années, parfois même sur dix ou quinze ans, la Bourse peut faire n’importe quoi. Rester sur le carreau quand l’économie progresse, ou monter vertigineusement quand l’économie souffre. Et ensuite, à chaque fois elle corrige, autrement dit elle monte brillamment ou baisse terriblement pour rejoindre la tendance de l’économie qu’elle avait un temps oublié.
.En fait, un économiste, John Maynard Keynes, a expliqué ce qui se passe à chaque instant sur les marchés en imaginant un concours de beauté. Je vais traduire en termes simples. Imaginons que la détermination du cours d’une action se passe comme le concours Miss France. Selon notre économiste, il ne s’agit pas de savoir si la jeune femme est belle, il ne s’agit même pas de savoir si les autres vont penser que la jeune femme est belle : il s’agit de savoir si les autres vont penser que les autres vont penser que la jeune femme est belle, et alors on vote !
Ainsi en Bourse, les acheteurs se précipitent parce qu’ils pensent que tout le monde va penser que tout le monde va acheter. De même pour les vendeurs. Et tout le monde s’emballe, pour un temps plus ou moins long, dans la même direction. Jusqu’à un choc, et on repart dans l’autre sens.
La logique économique aura le dernier mot
Ce qui est extraordinaire, c’est qu’à chaque instant, tout est logiquement expliqué. Regardons ce qui se passe aujourd’hui. Si vous suivez l’actualité boursière, en ce moment on nous explique que l’inflation qui revient, et la menace de remontée des taux d’intérêt, font baisser les cours des actions. Et c’est vrai, çà baisse. Mais dîtes-moi, on ne savait pas l’an dernier qu’il y avait des hausses de prix ? Les Banques Centrales n’avaient pas dit qu’elles envisageaient de remonter les taux d’intérêt ? Oui, mais jusqu’à la fin de l’année on était en train d’expliquer pourquoi la Bourse montait…
Aujourd’hui cela baisse parce que c’était trop monté, tout simplement, par rapport aux réalités de l’économie. Il fallait qu’un jour ou l’autre on change de direction. Pour cela, il fallait un changement psychologique. Et voilà, on a changé, et maintenant on explique pourquoi. Et comme par hasard tout le monde ou presque partagera la même analyse sur le fond. C’est logique, non ?
Vous vous demandez peut-être où je veux en venir ?
D’abord, au jour le jour, je ne cherche pas à donner de signification à ce qui n’en a pas. L’actualité boursière, les analyses, les avis d’expert m’informent sur l’état d’esprit des grands acteurs du marché. Ni plus, ni moins.
En revanche, je n’oublie pas que sur longue période, le prix des actions se réconcilie toujours avec l’évolution de l’économie… sur longue période.
Comment gagner de l’argent en Bourse ?
Alors que faire ? Comment gagner de l’argent avec la Bourse ?
Quand cela monte vraiment beaucoup, je commence à vendre, en partie. Vous vous en doutez, j’ai toujours vendu trop tôt, mais c’était mieux que trop tard… Dans l’autre sens, j’ai aussi généralement commencé à acheter trop tôt, mais avec un peu de patience çà fonctionne.
Mais surtout, je ne cherche pas à être intelligent avec des variations boursières qui sont aussi fantasques que la pluie et le beau temps. Le plus important est d’essayer d’investir un montant régulier, ce qu’on appelle accumuler, sans se poser de questions. La Bourse monte ? Le montant que j’épargne ne me permet pas d’acheter beaucoup d’actions. Elle descend ? Le même montant me fait en acheter plus.
Mark Twain a parfaitement résumé le paradoxe : « Octobre est un mois particulièrement dangereux pour spéculer en Bourse. Mais il y en a d’autres : juillet, janvier, septembre, avril, novembre, mai, juin, décembre, août et février ». Et pourtant, si l’on n’écoute pas les sirènes envoûtantes de l’actualité, les actions d’entreprise sont un moyen remarquable de protéger son épargne dans le temps.
Je vous souhaite une bonne journée
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