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L’année avait plutôt bien commencé : la confiance semblait revenir sur les marchés et, même si bien des inconnues subsistaient, l’ampleur des déficits et des dettes publics en Europe ne semblait plus considérée comme un problème insurmontable. Certes la croissance paraissait devoir rester modérée, de l’ordre de 1,5 % en moyenne dans la zone euro, mais c’était suffisant pour stabiliser le chômage. Les crises politiques en cascade en Afrique et au Moyen-orient ont modifié la donne. Comme toujours lorsque la situation se gâte dans cette partie du monde, le prix du pétrole s’est envolé et celui des carburants a retrouvé ici ses plus hauts niveaux depuis 2008.
La croissance des pays développés est-elle menacée ? La hausse du pétrole et du coût des matières premières en général a un effet négatif sur la demande intérieure car elle opère un prélèvement sur notre pouvoir d’achat, mais elle a un effet positif sur la demande émanant des pays producteurs : plus riches, ceux-ci pourraient nous acheter davantage de marchandises. Mais à ce jeu il y a tout de même des gagnants et des perdants et, surtout, la hausse des prix peut inciter les banques centrales à durcir leur politique monétaire. C’est exactement ce qui risque de nous arriver en Europe, si l’on en juge par les déclarations de Jean-Claude Trichet lors de sa conférence de presse du 3 mars.
Il ne faut pas exagérer la gravité du problème. Même si la BCE relève son principal taux directeur en avril, ce sera pour le porter de 1 % à 1,25 % et il n’est pas dit qu’elle continuera à ce rythme dans les mois suivants. Son objectif est d’abord psychologique : il faut qu’elle montre qu’elle ne reste pas inerte et qu’elle ne laissera pas les prix monter sans réagir. Si elle ne faisait rien, le marché obligataire pourrait s’en émouvoir et la hausse des taux à long terme risquerait alors d’être beaucoup plus forte et dangereuse. Mais il est certain que si les banques voient monter le coût de leurs refinancements auprès de la banque centrale, le crédit risque d’être plus cher. La mécanique est d’ailleurs déjà enclenchée : selon les calculs effectués par les établissements spécialisés, le coût moyen du crédit immobilier à vingt ans a déjà monté de 0,40 point de pourcentage depuis le point bas enregistré en novembre dernier et dépasse de nouveau 4 %.
La conclusion s’impose : si vous avez un projet immobilier, ne tardez pas trop à le réaliser : Nous ne sommes pas en hyperinflation, ni les prix ni les taux d’intérêt ne vont flamber, la hausse du coût des crédits s’est d’ailleurs ralentie en février ; il est donc hors de question de prendre des décisions trop rapides dans le seul but de profiter des taux actuels. Mais il vaut mieux ne pas perdre trop de temps.
Gérard Horny