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Le pouvoir renversé en Tunisie et contesté en Egypte, des craintes d’une déstabilisation politique de l’ensemble du Moyen-Orient et donc d’une rupture de notre approvisionnement en pétrole : le contexte politique chahuté de ce début d’année laisse planer quelques menaces sur l’économie mondiale et, au-delà des déclarations plus ou moins sincères en faveur d’un avènement de la démocratie dans les pays arabes, c’est bien l’inquiétude qui domine. A voir pourtant l’évolution des marchés financiers, il ne semble pas que cette inquiétude soit extrême. De fait, la situation économique mondiale est plutôt satisfaisante.
La bonne surprise vient des Etats-Unis, où, mois après mois, les indices d’activité confirment leur tendance haussière. Même la consommation évolue favorablement, alors que le chômage est encore à 9 % de la population active et que les ménages continuent d’avoir un taux d’épargne inhabituellement élevé pour les Etats-Unis. La hausse des prix reste contenue et la Réserve fédérale ne s’en préoccupe pas trop. Certains le lui reprochent d’ailleurs et sa négligence envers l’inflation conduit à une remontée des taux d’intérêt à long terme. La Réserve fédérale répond que, hors pétrole et alimentation, les prix restent très calmes et que le vrai problème du moment, c’est le chômage. Avec des politiques monétaire et budgétaire très souples, les Etats-Unis sont bien partis pour avoir une croissance du PIB comprise entre 3 % et 4 % cette année.
En Europe, la tendance est aussi à une hausse des taux à long terme, mais de façon moins prononcée, car on sait que la Banque centrale européenne ne restera pas inactive face à un risque d’inflation : sur les marchés, les taux à court terme se tendent par anticipation d’une hausse de ses taux directeurs dans le courant de l’année. Mais on sait aussi que Jean-Claude Trichet fera attention de ne pas compromettre inutilement la santé financière des banques et le bon déroulement de la reprise. A l’échelle de la zone euro, cela donnera une croissance certes plus modérée qu’aux Etats-Unis, mais de l’ordre de 1,5 %. C’est insuffisant pour faire baisser de façon rapide le chômage dans une zone euro qui compte officiellement 15,7 millions de demandeurs d’emploi. Mais il faut se rappeler qu’il y a exactement deux ans, on était encore dans une phase de plongée de l’économie et que tous les journaux multipliaient les comparaisons avec 1929 et la grande dépression des années 30… Et il n’est pas exclu que l’on ait de bonnes surprises. Ainsi, la Banque de France prévoit une croissance de 0,8 % pour le seul premier trimestre dans l’Hexagone.
Votre argent n’est pas en danger
Dans les grands pays émergents comme la Chine ou le Brésil, l’heure est plutôt à la lutte contre la surchauffe. A Pékin, la banque centrale vient de relever ses taux directeurs pour la troisième fois depuis octobre. Mais si la Chine revient d’une croissance de 10,3 % vers un rythme de 9,5 %, est-ce vraiment un drame ? Ce serait même plutôt une bonne nouvelle, car cela montrerait que la situation est sous contrôle.
Evidemment, on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve et de faux prophètes vont vous prédire les pires catastrophes pour les mois à venir. Votre argent est en danger, écrivent certains, qui songent surtout à vendre des livres. Ne les croyez pas. Votre argent n’a nul besoin d’être sauvé. Il n’est en danger que si vous vous laissez impressionner par les propos des charlatans. Continuez à placer vos économies en fonction de vos moyens, de vos projets et de votre âge, sans céder à des peurs excessives. Regardez ce que fait l’or : après avoir passé le cap de 1.420 $ l’once, il n’est plus qu’à 1.362 $ malgré un rebond au cours des derniers jours et les fonds spécialisés qui communiquaient bruyamment sur leurs achats de métal précieux ne disent plus rien…
Gérard Horny