L’argument résonne comme une évidence : pour résorber les déficits publics, rien de tel que l’inflation. C’est donc le moment d’investir dans l’immobilier, valeur refuge contre la dépréciation monétaire. Faux, répondent les économistes !
« L’inflation n’est pas un remède miracle mais une maladie dangereuse : si elle commence, elle ne s’arrête plus », rappelait récemment Bruno Cavalier, Chef économiste chez Oddo Securities(*). Jamais le taux d’inflation n’a été aussi bas depuis 75 ans. Au niveau mondial, il est aujourd’hui proche de zéro, alors qu’il est négatif dans les pays les plus développés. Pour cet économiste, comme pour beaucoup d’autres, il n’y a pas de raison de craindre un fort dérapage de l’inflation, ni par la production, ni par les salaires, ni par les matières premières.
« Pour contrer la déflation, on a fait de la reflation, en finançant de la demande publique pour compenser l’absence de demande privée », précisait notre économiste. Mais, contrairement à une idée reçue, les plans de relance n’ont pas été financés par l’émission de monnaie. Les Banques centrales y veillaient. Ce sont d’abord les réserves qui, dans l’urgence, ont été ponctionnées avant que les Etats, et notamment la France, ne fassent un appel massif au marché obligataire.
Soit, mais il faudra bien les rembourser un jour, ces emprunts d’Etat. Comment ? D’anciennes pratiques sont aujourd’hui proscrites, heureusement. Il est fini le temps où les monarques immolaient leurs créanciers sur l’autel de la dette ou allégeaient le titre en métal précieux de leur monnaie. Admettons que soit également révolu le recours à la planche à billets, tout spécialement dans la zone euro. Quelles solutions reste-t-il ? On en voit trois : la croissance, la réduction du train de vie de l’Etat et les impôts.
La croissance repartira un jour, mais cela prendra du temps. La baisse du train de vie de l’Etat, on ne demande qu’à voir. Restent les impôts… La chasse est déjà ouverte et, dans la ligne de mire, figurent en bonne place les revenus du capital. En particulier celui qui ne peut pas s’expatrier : l’immobilier. On ne sait pas si la pierre aurait eu grand-chose à gagner d’un retour de la peste inflationniste. Mais elle n’est sûrement pas en état de supporter un choléra fiscal.
*Intervention au colloque de l’IEIF (Institut de l’épargne immobilière et foncière), tenu le 20 octobre 2009 et dont le titre était : « Immobilier : ce qui nous attend en 2010 et 2011 ».
Christian Micheaud