Les marchés financiers sont nerveux. De multiples interrogations arrivent simultanément : sur les finances publiques européennes, sur la reprise aux Etats-Unis et même sur la croissance en Chine. Dans ce contexte incertain, il n’est pas toujours facile de repérer les bonnes nouvelles. Et, pourtant, il en arrive. Ce fut le cas au milieu du mois de mai avec la publication des taux de croissance du PIB en Europe au premier trimestre. Le chiffre inattendu de 1 % enregistré en France n’a pu vous échapper : avant même qu’il ne soit officiellement publié, nos dirigeants politiques l’avaient déjà abondamment commenté. Les chiffres annoncés chez nos voisins ont peut-être moins retenu votre attention, ils méritent d’être rappelés : 1,5 % en Allemagne, 1 % aussi en Belgique et en Autriche, 0,8 % pour l’ensemble des dix-sept pays de la zone euro et pour l’ensemble de l’Union européenne à vingt-sept (et l’on pourrait parler aussi des 3,5 % de croissance sur le trimestre de la Lituanie et des 2,1 % de l’Estonie).
Mieux qu’aux Etats-Unis
Pendant ce temps, cela n’a pas été beaucoup souligné, la croissance du PIB des Etats-Unis n’a été que de 0,4 % : que l’Europe ait, ne serait-ce que sur trois mois, une croissance deux fois plus rapide que celle des Etats-Unis, cela devrait pourtant nous aider à combattre la vague de pessimisme qui semble s’être abattue sur notre continent. Nous ne sommes pas condamnés à être lanterne rouge tout le temps et dans tous les domaines.
Certes, ce bonheur est loin d’être parfait. D’abord, on constate que tous les Etats européens sont loin de marcher au même pas : l’Espagne (0,3 %) et l’Italie (0,1 %) avancent lentement, le Portugal recule (de 0,7 %) et le fait que la Grèce ait pu enregistrer au cours de ce trimestre une performance égale à la moyenne européenne n’empêche pas que son PIB a reculé de 4,8 % en un an ; on ne voit pas comment dans ces conditions ce pays pourrait redresser ses finances publiques, quels que soient les efforts demandés à son peuple. Ensuite, le bon chiffre du premier trimestre ne permet pas de conclure que l’Europe en général et la France en particulier ont retrouvé la voie d’une croissance rapide. Les dernières enquêtes menées auprès des chefs d’entreprises et les divers indicateurs de tendance laissent penser que les prochains trimestres verront une croissance plus modeste. Cela dit, il semble maintenant fort possible que la France enregistre cette année une croissance de l’ordre de 2 %, ce qui n’était pas acquis au début de l’année et, si l’on en croit les dernières prévisions de la Commission européenne, ce rythme de 2 % pourrait être atteint l’an prochain dans l’ensemble de la zone euro et de l’Union européenne.
Des perspectives attrayantes en immobilier d’entreprise
Cette évolution au total plutôt favorable mais avec des écarts importants a des conséquences importantes sur les marchés immobiliers. Ainsi, notent les experts d’Invesco Real Estate dans leurs perspectives de printemps des marchés immobiliers mondiaux, des opportunités existent en Europe à l’horizon des cinq prochaines années (dans l’immobilier, on raisonne toujours sur plusieurs années), mais avec des différences selon les secteurs et les pays. Leurs préférences vont aux marchés d’Europe centrale et de l’Est, qui « seront soutenus par une croissance de 3 % de leur PIB, ce qui leur permettra de générer d’excellentes performances à moyen terme ». Dans l’ensemble, au niveau européen, et donc aussi en France, c’est le secteur des bureaux qui devrait générer les meilleures performances à court terme, principalement dans les centres villes du fait d’une offre limitée. Mais, à moyen terme, estiment ces experts, l’immobilier commercial devrait être la classe d’actifs la plus performante, « grâce au retour de la confiance des consommateurs en Europe de l’Ouest et à l’expansion d’une classe moyenne plus aisée en Europe de l’Est ».
Evidemment, come le souligne cette étude, les rendements ont un caractère cyclique et le timing des investissements revêt une importance cruciale. Est cité ainsi l’exemple des bureaux à Londres, Paris et Stockholm, où les investissements en 2011 « offriront des rendements élevés avant que ne soient disponibles de nouveaux espaces, qui amoindriront les perspectives de croissance des loyers ».
Bref, il ne faut se tromper ni de pays, ni de secteur, ni de moment : comme toujours, certains professionnels feront mieux que d’autres. Mais, globalement, la croissance retrouvée (même si elle ne se maintient pas au rythme des derniers mois) est une bonne nouvelle pour les épargnants qui ont placé une partie de leurs économies dans des fonds immobiliers.
Gérard Horny