Bonjour,
On sait que les SCPI ont collecté un peu plus de 5 Mds et demi d’€ en 2016, et les OPCI un peu plus de 4 Mds€. Or, la souscription de parts de SCPI se pratique souvent par l’intermédiaire de contrats d’assurance-vie, et la souscription d’actions d’OPCI presque toujours.
L’assurance-vie n’est donc pas un aspect mineur de la pierre papier ! Peut-être doit-on revenir brièvement sur quelques mécanismes qui ne sont pas toujours bien connus.
D’abord, il y a une question de langage. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous payez une prime d’assurance ? Et pourquoi aussi, quand vous souhaitez reprendre votre argent, on vous calcule une valeur de rachat ? Sans compter que le contrat par lequel vous avez acheté des parts de SCPI ou des actions d’OPCI s’appelle un contrat en unités de compte. Cela fait plusieurs termes bien spécifiques.
En fait, ce langage particulier provient de l’époque où les compagnies d’assurances étaient les seules institutions permettant au commun des mortels d’épargner. Jusque dans les années soixante du siècle dernier en effet, les banques étaient réservées aux riches. L’épargne se faisait dans les contrats d’assurance-vie ou capitalisation. Mais justement, nous n’étions pas encore à notre époque consumériste. On n’en était pas encore au client roi, au client courtisé. Le vocabulaire de l’assurance était fait par les compagnies, de leur point de vue. Puisque la compagnie d’assurance vous faisait la faveur de passer un contrat avec vous, en échange vous deviez la récompenser : d’où le terme de prime ! De même, si vous vouliez reprendre votre argent, du point de vue de la compagnie celle-ci vous faisait a faveur de bien vouloir mettre fin à votre contrat, donc en fait le racheter… d’où la valeur de rachat !
L’expression contrat en unité de compte est un plus subtile, et nécessite de pénétrer dans les mécanismes de l’assurance-vie. La compagnie ne reçoit pas des dépôts, comme une banque, mais passe des contrats. Cela veut dire que d’un côté elle contracte des engagements avec ses assurés, et que de l’autre elle gère l’argent reçu, qui désormais lui appartient. Pour les contrats les plus classiques, ceux qu’on appelle les contrats en euros, la compagnie vous fera participer aux résultats de la gestion de l’ensemble de ses actifs. La réglementation propre à l’assurance-vie encadre très strictement ces calculs de participation. Compte tenu des taux d’intérêts, et compte tenu aussi du fait que les compagnies d’assurance sont beaucoup investies en obligations et notamment en obligations d’État, les contrats en euros offrent une rentabilité relativement faible aujourd’hui. Mais il y a d’autres contrats, ceux que l’on appelle en unités de compte, qui prévoient que le souscripteur sera remboursé à l’échéance, non pas en fonction des résultats d’ensemble de la compagnie, mais en fonction des performances d’un placement déterminé.
Voici un exemple. Vous souscrivez un contrat d’assurance-vie qui vous propose telle SCPI. En réalité, ce à quoi s’engage la compagnie est que votre capital et vos revenus évolueront comme si vous aviez acheté cette SCPI. C’est la compagnie qui, si elle le décide, est propriétaire des parts ! Elle a seulement pris un engagement avec vous, indexer les performances de votre contrat sur les performances de la SCPI. Voilà pourquoi cela s’appelle un contrat en unité de compte. C’est juste un mode de calcul. Ce que vous avez, ce ne sont pas des parts de SCPI, c’est un contrat. Cela revient au même direz-vous, sauf qu’il y a quelques nuances.
Côté négatif, quelques frais perçus par la compagnie, indépendamment des charges propres à la SCPI.
Côté positif, il y a bien sûr la fiscalité, beaucoup plus favorable si vous conservez votre contrat suffisamment longtemps, ou si vous le transmettez à vos héritiers.
Il y a aussi un autre avantage. Puisque la compagnie a passé un contrat avec vous, et que les règles de l’assurance-vie prévoient que vous puissiez reprendre votre valeur de rachat dans un délai relativement bref, cela veut dire que c’est elle qui assume le risque de liquidité. Même si à ce moment-là elle pouvait difficilement revendre les parts dont elle est propriétaire, de toute façon elle serait tenue de vous rembourser dans un délai de quelques semaines.
En résumé, la pierre papier fonctionne un peu à la manière des poupées russes. D’abord il y a l’immeuble. Puis il y a une première enveloppe, la SCPI ou l’OPCI, qui apporte tranquillité de gestion, diversification et transparence. Puis il y a, si on le veut, une deuxième enveloppe qui est celle de l’assurance-vie.