Cap retraite pointe les besoins de maisons de retraite mais reste dans le flou pour leur financement.
YaKa ! Faucon ! Et quand vous voulez marquer les esprits, mieux vaut un chiffre rond. Va pour 500 000 !. C’est le nombre de places qu’il faudrait créer en maisons de retraite médicalisées d’ici à 2040, selon une étude publiée mercredi par Cap Retraite.
C’est presque un doublement du nombre de places existant actuellement. Nul besoin de faire des projections. Quiconque a cherché une place pour un aïeul ayant perdu son autonomie de vie sait que le parcours du combattant pour trouver une solution acceptable est long et couteux. D’ici à 2040, le nombre des plus de 80 ans aura augmenté de 94% à près de 7 millions de personnes. Les régions les plus touchées par le vieillissement seront l’Alsace (+112%) et le Languedoc-Roussillon.
Cap retraite, un organisme qui conseille les familles cherchant une place en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), estime qu’il faudrait créer 541 343 lits si l’on veut conserver le ratio moyen actuel (16 lits pour 100 personnes âgées de 80 ans et plus, soit un total de 577 953 places en 2012). Cette réflexion intervient à la veille du projet de loi sur l’autonomie, qui doit être transmis le 12 février au Conseil économique social et environnemental (Cese) en vue d’une présentation en Conseil des ministres le 2 avril.
Toute la question réside dans le financement de ces besoins. Face à l’explosion du nombre de places nécessaires, il semble difficile d’imaginer que le soutien des familles puisse rester au niveau actuel. Et comme le financement par les ménages d’une épargne dédiée à ce risque prendra du temps à produire ses effets, la demande solvable risque de ne pas suivre celle des besoins démographiques. En l’état actuel, le coût d’un séjour en maison de retraite médicalisée représente en moyenne 106% des ressources mensuelles d’un foyer de retraités rappelle Cap retraite. En Seine Saint-Denis, le ratio atteint 154% (tarif moyen de 2 440 euros par mois pour des revenus de 1 582 euros). Sauf à avoir constitué une épargne importante, les pensionnaires ne peuvent compter que sur leurs assurances, l’assistance ou leurs enfants…Les dépenses des assurances sociales ne suivront pas l’évolution démographique, l’impécuniosité de l’Etat et des collectivités locales condamnent à terme la solution de l’assistance. Comment feront les enfants qui partiront à la retraire avec un revenu de remplacement représentant 40 % de leurs revenus en activité quand ils auront la chance d’avoir 1, 2 ou 3 aïeux placés en résidences médicalisées ?
Voilà pourquoi il ne suffit pas de prendre en compte la courbe démographique pour s’assurer de la pérennité d’un investissement dans des établissements accueillants des personnes âgées ayant perdu leur autonomie de vie. D’autant que les exploitants actuels de ces établissements consentent souvent déjà à des taux d’efforts (loyer rapporté à leurs chiffres d’affaires) élevés et seraient fragilisés par une baisse de la prise en charge par l’Etat et les collectivités locales ou les assurances privées (Mutuelles…).
L’investissement en Ephad et résidences seniors requiert donc une forte sélectivité et n’échappent pas aux lois de l’immobilier chères aux anglo-saxons : « location, location, location ».
pierrepapier.fr