Après que notre confrère le Figaro ait annoncé cette semaine que Foncière Lyonnaise allait vendre son fleuron des murs de l’hôtel Mandarin Oriental, inauguré l’an dernier en grande pompe dans la prestigieuse rue Saint-Honoré, la société d’investissement immobilier cotée (SIIC) a eu tôt fait de démentir l’information du quotidien.
Contrairement aux rumeurs, SFL indique qu’aucune décision n’a été prise de vendre l’ensemble immobilier situé 251 rue Saint-Honoré à Paris 1er qui abrite l’hôtel de luxe loué au groupe Mandarin-Oriental et les deux boutiques louées respectivement aux enseignes Dsquared2 et Ports 1961.
La Société Foncière Lyonnaise a reçu depuis un an de nombreuses sollicitations d’investisseurs intéressés par cet actif et a demandé à Jones Lang Lasalle de tester l’intérêt de quelques investisseurs internationaux pour ce ‘trophy asset’. SFL décidera en temps utile de l’opportunité de le céder ou de le conserver en patrimoine. ». Comprenne qui veut ! Comprenne qui pourra !
Le Mandarin Oriental n’est pas en vente mais un mandat a été confié à Jones Lang Lasalle. Vous suivez toujours ? Le plus amusant c’est que cette information démentie a été publiée par le Figaro. L’ancien propriétaire du Figaro, Robert Hersant, souvent pressé par ses banquiers de céder des actifs pour désendetter son groupe au bilan fort déséquilibré avait mis en place une stratégie pour les calmer : celle de la vache bérichonne. Une vielle technique des paysans berrichons consistait à sortir de l’étable leur plus belle vache quand des créanciers se montraient trop pressants, pour calmer leurs angoisses et leurs ardeurs. Ils montraient ainsi qu’ils avaient des actifs à même de faire des envieux. Le magnat de la presse, aussi malin qu’un paysan du Berry, a longtemps rassuré de la sorte ses banquiers en leur laissant croire qu’il céderait son fleuron…
Pour Foncière Lyonnaise, l’équation est un peu différente puisque cette foncière est parfois critiquée par les analystes pour avoir eu trop peu recours au levier de l’endettement pour créer de la valeur pour ses actionnaires. Pas besoin de rassurer les banquiers de Foncière Lyonnaise donc. Mais il en est tout autrement de l’actionnaire de référence de la SIIC, l’espagnol Colonial dont ses banques créancières ont dû prendre le contrôle. Ces mêmes banques espagnoles qui sont aujourd’hui plongées dans la tourmente. L’avenir de Foncière Lyonnaise reste en suspens. Mais déjà depuis l’an dernier, deux acteurs immobiliers de poids ont pris leurs marques en entrant à son capital. Unibail-Rodamco et Orion détiennent des participations de plus de 5 % et entendent certainement avoir leurs mots à dire sur le sort de la plus ancienne des foncières françaises cotée en Bourse.
Christophe Tricaud
Rédacteur en chef de Pierrepapier.fr
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