Aujourd’hui, je voudrais vous proposer une façon différente de regarder la situation économique mondiale.
Il me semble en effet que l’on risque de commettre deux erreurs.
Inflation et taux d’intérêt
La première erreur est de confondre l’habituel et le normal.
Nous avons été habitués à l’inflation, qui a été l’un des grands fléaux économiques du XXème siècle. Elle s’est éteinte doucement à partir des années 2000, et semble avoir disparu du paysage. Son parfum est encore présent, dans nos réflexes, dans nos idées. Mais elle ne redémarre pas. Anormal ? Non, c’est seulement que nous n’en avons pas l’habitude. Toute personne de 20 à 99 ans a toujours connu l’inflation comme un élément naturel du paysage.
De même, et ceci n’est pas étranger à l’inflation, nous avons été habitués à des taux relativement élevés. Il n’y a pas si longtemps, un taux de 5 % était considéré comme très bas. Alors, depuis que la barre des 3 % a été franchie dans le sens de la descente, nous avons l’impression de vivre une période anormale. Non, nous n’en avons pas l’habitude !
Inflation sur longue période
D’où la seconde erreur, qui consiste à ne pas avoir de mémoire historique.
Savez-vous que pendant un siècle, depuis la fin des guerres napoléoniennes jusqu’à la première guerre mondiale, donc de 1815 à 1914, les taux n’ont cessé de descendre, de 8 % jusqu’à 3 % en France, et de 5 % jusqu’à 3 % en Angleterre ?
L’inflation n’était pas un sujet. Elle fut en quelque sorte « inventée » par la première guerre mondiale. En fait, de 1 700 jusqu’en 1914, que ce soit en France, en Angleterre, en Allemagne, aux États-Unis, l’inflation a oscillé entre 0,2 et 0,3 %.
La première guerre mondiale a tout changé. De 1914 à 1950, 13 % d’inflation par an en moyenne pour la France, 17 % par an pour l’Allemagne. Puis dans la seconde moitié du XXème siècle, l’inflation a toujours été présente, et souvent préoccupante. Voilà pourquoi elle est inscrite dans nos habitudes de pensée, comme si elle était naturelle.
Donc, un siècle avec des taux bas en l’absence d’inflation, puis un siècle avec des taux élevés et de l’inflation. Et maintenant, serions-nous partis pour un siècle de taux bas sans inflation ?
Guerre et paix
Ce serait une bonne nouvelle, et je vais vous dire pourquoi. De 1815 à 1914, donc au cours du siècle avec des taux bas et pas d’inflation, il y avait mondialisation, frontières relativement ouvertes et pas de grande guerre.
C’est la « grande guerre » de 1914-1918 qui a démarré les taux élevés et l’inflation. Puis il y eut le terrible entre-deux guerres, puis la deuxième guerre mondiale, puis la guerre froide. Avec la fin de la guerre froide, symbolisée par la chute du mur de Berlin, une nouvelle mondialisation est apparue, et les taux et l’inflation se sont durablement calmés.
Voilà, c’est sur ce point que je souhaitais attirer votre attention : nous aurons durablement des taux relativement bas et une absence d’inflation si, et seulement si, le monde devait vivre globalement en paix.
Alors, rêvons un peu…
Je vous souhaite une très, très bonne journée.
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