– Le déficit de refinancement s’est resserré de 17%, à 117 milliards de dollars au cours des six derniers mois. L’Europe demeure toutefois la plus exposée, avec 86 milliards de dollars.
– Les nouvelles capacités de crédit ont progressé de 45% réduisant ainsi le déficit de refinancement et ce, malgré une progression du déficit brut, en écho à une réglementation plus contraignante et face à la dégradation des perspectives économiques.
– A court terme, les compagnies d’assurance constitueront les principaux établissements de crédit hors banques, mais les nouveaux fonds de dette et l’augmentation des émissions d’obligations d’entreprises devraient également permettre de combler le déficit.
– Le déficit devrait encore se réduire suite à une augmentation de la pression réglementaire sur les banques, et à la diminution des soutiens de liquidités apportés par les banques centrales au secteur bancaire.
Un affaiblissement des perspectives économiques et une pression accrue des autorités de réglementation sur les banques (afin que celles-ci accélèrent leur désendettement) ont plus que doublé le déficit de refinancement de la dette brute européenne qui atteint un montant de 190 milliards de dollars. Comme DTZ le précisait dans ses précédentes analyses, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Irlande affichent des déficits bruts de refinancement élevés en termes absolus et relatifs. La France, l’Allemagne et les Pays-Bas demeurent fortement impactés par ces pressions réglementaires latentes. La bonne tenue des valeurs de marché des actifs immobiliers tertiaires favorise un désendettement ordonné sans que les sociétés cotées aient été contraintes de procéder à des ventes sous pression.
Nigel Almond, Directeur de Recherche et Stratégie chez DTZ, et auteur de cette étude commente : « La diversité croissante des circuits de crédit en Europe permet de réduire le déficit brut de refinancement de la dette. Cela traduit l’émergence du nombre accru de circuits de crédit non bancaires comme les compagnies d’assurance, les fonds de crédit et les émissions d’obligations d’entreprises. Nous estimons à 75 milliards de dollars de nouveaux financements disponibles via les compagnies d’assurance et les nouveaux fonds de dette senior, sur la période 2012 à 2013. En outre, nous avons observé un essor des nouvelles émissions d’obligations, avec 29 milliards de dollars nets disponibles sur la même période. Cette nouvelle capacité de crédit de 104 milliards de dollars a permis de réduire à 86 milliards de dollars le déficit brut de refinancement de la dette européenne qui s’élevait précédemment à 190 milliards de dollars nets». En France, Axa, NAMI AEW et La Française AM se sont montrés les plus offensifs sur ses fonds de financement non bancaires. Parallèlement, de nouveaux fonds mutualisés à l’image de Mikado France permettent à certaines sociétés de taille modeste d’obtenir un financement obligataire : Affine a ainsi obtenu 5 millions d’euros au taux de 5,80 %.
Sur le plan international, il existe suffisamment de capitaux propres (280 milliards de dollars) pour combler le déficit net de refinancement restant. Les capitaux propres disponibles dans la région Asie-Pacifique – de l’ordre de 70 milliards de dollars – représentent plus du double du déficit net de refinancement (31 milliards de dollars). En Europe, les capitaux propres, qui représentent 116 milliards de dollars, sont plus que suffisants pour combler le déficit de 86 milliards de dollars. Et les foncières qui ont accès au marché obligataires reçoivent un bon accueil pour leurs émissions de dette (voir pierrepapier.fr du 20 novembre 2012).
Hans Vrensen, Directeur au niveau mondial de la Recherche chez DTZ commente : « A l’avenir, les financements non bancaires devraient conquérir une part croissante du marché. Nous estimons à 225 milliards de dollars le financement non bancaire disponible en Europe sur la période 2013 à 2015. Cela représente plus de 20% de l’ancien système de prêts destinés au refinancement sur cette même période. Alors même que les assureurs nous semblent plus actifs sur le court terme avec deux tiers des parts de marché, nous observons une augmentation de l’activité des fonds de dette et des émissions d’obligations d’entreprises, entraînant une répartition plus équilibrée de l’apport en créances en immobilier d’entreprise d’ici 2015».
Les autorités de réglementation et les banques centrales devraient exercer une pression accrue sur le secteur bancaire ou tout du moins réduire leur soutien sous forme de liquidités. DTZ anticipe dans ce cas une accélération du processus de désendettement et une obligation pour les banques de gérer les prêts immobiliers problématiques de manière proactive. Enfin, le fait que les autorités espagnoles prennent des mesures pour obtenir des prêts non performants devrait constituer une avancée dans le processus de « nettoyage » du secteur bancaire.
pierrepapier.fr