Alors que le crowdfunding immobilier poursuit sa forte croissance, tirée par les leaders du marché, certains opérateurs choisissent des concepts plus ciblés. C’est le cas notamment de My Korner Shop, qui s’est positionné sur un créneau très spécifique : le financement des murs de commerce de centre-ville…
La croissance du crowdfunding immobilier ne se dément pas. L’an dernier, cette industrie naissante a collecté plus de 370 M€ de nouveaux capitaux. Plus du double qu’en 2018, selon l’agrégateur Hello Crowdfunding. Des chiffres que confirme le baromètre du crowdfunding 2019, établi par Financement Participatif France et Mazars. Selon cette étude, le secteur immobilier accapare 57% du total des capitaux drainés en faveur du financement participatif. Contre à peine 4%, par exemple, pour le secteur technologique et numérique…
Crowdfunding immobilier : l’émergence de leaders
Plus en pointe que d’autres, le secteur immobilier est aussi l’un de ceux où s’amorce le plus clairement le mouvement de concentration attendu par les observateurs du marché. En 2018, les 5 principales plateformes trustaient déjà plus de 50% des levées de fonds. Et, début 2020, ces 5 leaders représentent près de 68% des capitaux collectés depuis l’origine[1]… Une concentration qui devrait encore s’accélérer au cours des prochains mois. En raison, notamment, de la révision à la hausse des plafonds de collecte par projets. Ces derniers sont passés à 8 M€ en octobre dernier, contre 2,5 M€ précédemment. Une course à la taille également favorisée par le rachat des plateformes les plus dynamiques par de grands opérateurs.
Autres acteurs, autres stratégies
Homunity est, par exemple, désormais détenu indirectement par Tikehau Capital. Il est par ailleurs actionnaire majoritaire de la société de gestion d’actifs immobiliers Sofidy. Et la Foncière Atland, actionnaire majoritaire de la société de gestion de SCPI Atland Voisin, détient 60% de Fundimmo. A l’opposé de ces plateformes dont les process se rodent et s’automatisent au fil du temps, qui interviennent sur l’ensemble du territoire français et, d’ailleurs, essentiellement sur le segment de l’immobilier résidentiel, d’autres tentent une approche différente. La Première Brique, par exemple, vient de se lancer sur l’investissement régional. Un créneau également occupé par Proximea, créé par la Banque Populaire du Grand Ouest. Proximea joue à la fois la carte de l’investissement immobilier et au capital de start-up. My Korner Shop, lui, vise un objectif « sociétal » : revitaliser les centres-villes.
Objectif : revitaliser les commerces de centre-ville
Créée en octobre 2017, cette plateforme a été la première à obtenir le statut de CIP[2], dès juillet 2018. Son credo : l’investissement participatif dans des murs de magasins. Une typologie d’actifs (commerces) qui ne représentait que 8% des fonds levés en 2019. Contre 79% pour les programmes résidentiels. My Korner Shop n’a pour l’heure bouclé qu’une seule opération : les murs d’une pizzeria à Chartres. Le projet a séduit une trentaine de particuliers, avec un ticket moyen de souscription de 2 100 euros. Leur motivation ? Une meilleure maîtrise de leur cadre de vie, grâce à leur nouveau statut de propriétaires. Les co-investisseurs disposent en effet d’un pouvoir de décision, leur permettant notamment de choisir le locataire. Ou de décider de la revente du local…
My Korner Shop, levée de fonds en cours
Selon My Korner Shop, le rendement annuel prévisionnel de cette opération se situerait autour de 4% à 5% par an. A son terme, c’est-à-dire dans 5 à 10 ans, la revente de l’actif devrait permettre de porter le rendement global à environ 10%. C’est également l’objectif assorti à l’opération de levée de fonds en cours. Cette fois, My Korner Shop compte financer l’acquisition des murs d’une boutique parisienne occupée par un coiffeur-barbier. Objectif de collecte pour cette « Barber Shop » de 30 m², située dans le XXe arrondissement : 274 000 €. Le prix d’acquisition, de 410 000 € au total, est couvert à hauteur de 200 000 € par un emprunt bancaire. Ce prêt permet de « soulager l’effort des internautes dans l’objectif de collecte », souligne My Korner Shop. « Il permet également de profiter de l’effet de levier procuré par les taux d’intérêt bas », ajoute-t-il.
Objectif d’un rendement annuel de 5,36% à cinq ans
Le loyer annuel actuel, de 22 000 euros, laisse envisager « des distributions de bénéfices croissants chaque année », précise la plateforme. Dans l’hypothèse d’une revente au terme de 5 ans, la rentabilité annuelle globale devrait se situer à 5,36%. La collecte, ouverte depuis le 20 décembre dernier, sera close le 30 avril prochain. La signature de l’acte de vente est programmée pour le 8 mai.
Frédéric Tixier
[1] Wiseed, Clubfunding, Anaxago, Homunity, et Fundimmo représentent 68% des capitaux collectés depuis l’origine par les 36 plateformes recensées par Hello Crowdfunding. [2] Conseiller en investissement participatif.Lire aussi
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A propos de My Korner Shop(i)
My Korner Shop propose une plateforme de financement participatif en ligne. La société offre aux habitants d’un quartier l’opportunité de devenir collectivement propriétaires des murs de leurs commerces de proximité. L’objectif est de contribuer à la redynamisation des centres-villes et centres-bourgs français en mobilisant la communauté locale. Par le biais du lien de propriété locale, My Korner Shop souhaite créer une relation de proximité entre les commerçants et les habitants et entretenir la qualité de vie en centre-ville. La réaffirmation du lien social est une clé de la revitalisation des cœurs de ville. Depuis le 31 août 2018, My Korner Shop dispose du statut de conseiller en investissements participatifs (CIP). Son activité est contrôlée par l’Autorité des marchés financiers.
(i) Information extraite d’un document officiel de la société