Ce matin de juin 2018, vous cherchez une location. Suivez la procédure : rendez-vous au guichet de votre mairie. Sur présentation de votre pièce d’identité, vous recevrez votre bon de logement. Vous ne rencontrerez jamais votre propriétaire, qui ne vous connaitra pas non plus. Vous paierez votre loyer, fixé par la mairie, auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations, qui en reversera une partie au propriétaire après retenue de la garantie locative, des taxes diverses et des impôts.
Génial, direz-vous ! Pas si sûr… Car au « guichet location » de votre mairie, comme partout ailleurs en France, la file d’attente est interminable. Avant, en 2013, il n’y avait pas assez de logements pour tous. Aujourd’hui, il n’y en a plus pour personne et la colère monte. Pourtant, la loi ALUR de 2013, en faisant baisser les loyers et en les sécurisant par une garantie universelle (GUL), devait résoudre tous les problèmes. Que s’est-il passé ?
Les pouvoirs publics nous expliquent qu’ils ont pourtant fait tout leur possible. Ils ont créé des observatoires, organismes en charge de l’abaissement régulier des loyers du secteur privé. Ils ont déterré l’ancien droit de bail à la charge des propriétaires pour sauver l’Agence de la garantie universelle des loyers (AGUL), asphyxiée par les impayés. Ils ont même réussi à faire passer la production de logements sociaux à 120 000 par an. Rien n’y a fait.
« Les propriétaires bailleurs n’ont pas joué le jeu, se défend l’Etat. Ils se sont détournés en masse de la location au moment où l’on avait le plus besoin d’eux ». En 2013, il y avait près de 11 millions de logements locatifs en France : 4,5 millions en HLM et 6,4 dans le secteur privé. Aujourd’hui, quelques années plus tard, on approche des 5 millions de logements sociaux. Mais le parc locatif privé a fondu comme neige au soleil. L’Etat prépare d’urgence une loi de relance de l’investissement locatif.
Christian Micheaud
Pierrepapier.fr