Le Conseil supérieur du notariat vient de publier une étude sur la valeur « verte » des logements. L’étiquette énergétique peut avoir un impact sur le prix des biens. Mais elle n’est pas encore un critère déterminant dans le choix d’un logement pour les acquéreurs.
Le nouveau Diagnostic de performance énergétique est entré en vigueur le 1er juillet dernier. Désormais opposable, le DPE version 2021 est en outre centré sur la seule appréciation des caractéristiques « physiques » des biens évalués. Exit donc la méthodologie dite des « consommations réelles », basée sur l’examen des factures. Et donc sur les modes de vie et les habitudes de consommation des habitants.
Un dispositif plus rigoureux en termes écologiques
La mise en place de ce nouveau dispositif, plus rigoureux en termes écologiques – il prend notamment en compte l’impact du type d’énergie sur l’émission de gaz à effet de serre -, laissait craindre une très forte augmentation du nombre de logements considérés comme des « passoires thermiques ». L’impact d’une méthodologie à l’autre a été bien réel. « 800 000 logements sont passés de la lettre E à F », rappelle le Conseil supérieur du notariat dans une étude[1] qu’il vient de consacrer à la valeur « verte » des logements. Mais, dans le même temps, 800 000 autres logements sont passés de F à E. « Il reste toujours, en fin de compte, exactement le même nombre de passoires thermiques. Mais ce ne sont pas les mêmes », observent les Notaires de France.
Environ 5 millions de logements considérés comme des passoires thermiques
Selon la base DPE de l’ADEME[2], ce sont environ 5 millions de logements qui seraient actuellement classés dans cette catégorie. Ce qui ne les empêchent nullement de trouver des acquéreurs lorsque ces biens anciens sont mis sur le marché. En 2020, les logements les plus énergivores (classe F-G) ont représenté 11% des transactions, rappelle l’étude des notaires. Une proportion similaire au chiffre constaté en 2019. Entre ces deux années, on constate toutefois une hausse de la part des logements les mieux disant sur le plan énergétiques. Les biens classés A ou B sont passés de 6% à 7% de l’ensemble des ventes entre 2019 et 2020. Les Notaires de France se sont donc intéressés à l’impact que pouvait avoir l’étiquette énergétique d’un logement sur son attractivité. Et sur son prix…
La classe énergétique n’est pas déterminante dans le choix d’un logement
Les résultats de leur étude sont sans appel. « Selon les secteurs, l’offre de logements fait largement entrer d’autres critères que la seule étiquette Énergie comme déterminants dans le choix du logement. Elle n’est pas, en elle-même, un élément déterminant du choix du logement ; mais elle peut être un critère de variation du prix », résument les notaires dans leur communiqué. En réalité, la situation diffère selon les régions. Et l’état de tension du marché immobilier local. L’étiquette Energie n’a ainsi aucun impact sur les prix des logements en Île-de-France. Ce qui n’est pas le cas pour toutes les régions françaises. En Auvergne-Rhône-Alpes, par exemple, les appartements anciens classés A ou B se vendent, en moyenne, 9% plus cher que ceux estampillés D.
Mais elle impacte déjà fortement sa valorisation
Le phénomène est identique pour les maisons. En Bretagne, autre exemple, les maisons étiquetées F ou G se vendent en moyenne 13% moins cher que celles classées D… D’une manière générale, l’étude relève que ce différentiel de prix, en fonction de l’étiquette énergétique, a eu tendance à s’accentuer entre 2019 et 2020. Si donc, pour l’heure, la valeur « verte » d’un logement n’est pas un critère essentiel de sélection, elle pourrait le devenir à plus ou moins brève échéance. Car, à l’instar de ce que l’on observe déjà sur l’immobilier commercial, la « durabilité » d’un actif immobilier résidentiel va très certainement peser de plus en plus lourd dans les décisions d’achat…
Frédéric Tixier
En savoir plus
Lire l’étude du Conseil Supérieur du Notariat
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[1] « La valeur verte des logements en 2020 » – Etudes statistiques immobilières – Notaires de France – Octobre 2021.Immobilier résidentiel : le mega deal Cronos a dopé le marché
Bureaux transformés en logements : la tendance pourrait se pérenniser. Mais pas partout…
[2] « Le parc de logements par classe de consommation énergétique », Document de travail n°49, Commissariat général au Développement durable, SDES, Septembre 2020.