Le scénario de convergence des SIIC, qui restent la dernière poche de rendement du marché financier, a été remis en question au cours du mois de septembre. Les craintes sur l’horizon de la reprise des créations d’emplois dans l’Hexagone ont fait douter les investisseurs. A tort si on en croit la bonne tenue du marché locatif de bureaux.
Les espoirs douchés par l’absence d’objectifs chiffrés dans le programme de rachats d’ABS et d’obligations sécurisées, ont ramené brutalement le 1er octobre l’indice phare de la bourse de paris, en territoire négatif. C’est l’ultime coup de boutoir qui a atteint le moral des investisseurs dans un contexte de révision de la croissance française qui a accentué la tendance boursière du mois de septembre poursuivant ainsi le repli des valeurs françaises observé depuis le début de l’été.
François Chevallier, économiste à la banque Leonardo avait appelé à la méfiance dans sa lettre du 2 septembre en écrivant « la bulle s’est reconstituée sur les actions européennes, les rendant éligibles de nouveau à une correction. Les raisons ne manquent pas entre déceptions sur la reprise européenne ou sur les pouvoirs de Mario Draghi et craintes de voir les taux américains remonter plus vite que prévu. La baisse de l’euro constitue le seul point positif, mais pas au point d’alimenter un rallye ». Les faits lui ont donné raison.
Face à ce climat boursier adverse les foncières gardent la tête haute. L’indice Euronext IEIF SIIC France conserve une avance de 5,53 % depuis le 1er janvier. Sa performance coupons réinvestis est même plus que satisfaisante avec un gain de 10,7 %. Cependant à bien y regarder les foncières sont fragilisées et ne profitent nullement de la baisse des taux qui leur est traditionnellement favorable. Depuis le début de l’année, leur performance supérieure à l’indice CAC 40 perceptible lorsque celui-ci était orienté à la hausse jusqu’au printemps et leur moindre repli depuis le mois de mai, pouvait accréditer le scénario de convergence du rendement des SIIC, qui restent aujourd’hui la dernière poche de rendement après que toutes les classes obligataires aient accompagné la baisse du taux des obligations assimilables du Trésor (OAT). Mais ce scénario a laissé place en septembre à une accentuation de pression vendeuse sur ce compartiment de la cote. L’indice Euronext SIIC France a reflué le mois dernier de 7,73 % soit sensiblement plus que le CAC 40 en repli de 3,09% sur ce mois.
La dégradation du climat des affaires en France et la révision à la baisse des perspectives de croissance en France en 2014 et en 2015 repousse il est vrai la perspective d’une reprise des créations d’emplois qui va normalement de pair avec la demande de bureaux et la consommation des français dans les grands centres commerciaux des SIIC. Cependant ces craintes légitimes ne trouvent pas de traduction dans la réalité, au moins pour le marché des bureaux d’Ile-de-France, le cœur du réacteur des foncière cotées. Au contraire comme le montrent les travaux de Bernard Audibert, Conseiller scientifique à l’IEIF, « la demande placée en bureaux en Ile-de-France s’est bien tenue au cours des derniers mois et le stock de surfaces à louer tend à se contracter ». Et d’ajouter « les immeubles et restructurées trouvent preneurs malgré la hausse des livraisons cette année ». Selon ce spécialiste « les baisses de loyers et les franchises consenties par les bailleurs ont favorisés ce bon écoulement ». Ce qui signifie que le taux de vacances des SIIC, un des principaux indicateurs privilégiés par les investisseurs ne se dégrade pas. D’un côté les SIIC continuent de trouver des preneurs pour leurs locaux vides et de l’autre elles bénéficient de conditions de financement historiquement attractives alors même que le contexte est encore à la destruction d’emplois. La réalité c’est que les emplois perdus des derniers mois affectent peu l’économie tertiaire de l’Ile-de-France. Ainsi, quoi que la perspective de créations d’emplois en France se soit éloignée ces dernières semaines, il apparaît que les SIIC restent en bonne position pour attendre cette reprise. En clair, elles auront les moyens de maintenir voire de faire progresser leur cash-flow et leurs dividendes. Le décrochage par rapport au CAC 40, même limité du mois de septembre apparaît donc injustifié. Ce dernier n’est donc pas à mette sur le compte du marché immobilier, pas plus que celui du financement des SIIC.
Christophe Tricaud
pierrepapier.fr