Depuis la crise des subprimes, la forêt française attire les investisseurs adverses au risque. Le marché qui fleurit est celui de fonds d’investissement qui veulent développer leurs actifs.
L’an dernier, le prix du bois a augmenté en moyenne toutes espèces confondues de 10,4% », estiment la Fédération nationale des Safer (FNSafer), organismes chargés de l’aménagement de l’espace rural, et la Société forestière, filiale de la Caisse des dépôts qui mettent en avant « un contexte d’amélioration relative de la filière bois française ».
L’amélioration des cours du bois qui ont eu tant de mal à se remettre de l’abondance provoquée par les tempêtes du début des années 2000 trouvent en parallèle un raffermissement continu des prix des forêts qui ont retrouvé grâce auprès des personnes fortunées qui les conservent plus que dans les années précédant la crise des subprimes qui les a rendu plus adverses au risque des marchés financiers. Ils sont rejoints par d’autres investisseurs aisés soucieux de préserver leur capital sur le long terme. Ces derniers investissement en direct, mais aussi de plus en plus souvent par l’intermédiaire de fonds ou de groupement forestiers, à l’image des véhicules gérés par la Caisse des dépôts ou La Française par exemple. « Les propriétaires, accordant une valeur refuge à leurs forêts, préfèrent conserver leurs biens dans l’attente d’un contexte plus favorable », selon le communiqué commun de la FNsafer et de et la Société forestière de la Caisse des Dépôts. Si les personnes physiques, notamment les agriculteurs, demeurent les plus actives sur le marché, la part des surfaces acquises par les personnes morales a augmenté ces dernières années. Elle est passée en 2013 à 41%, contre 31% en 2005, avec des acteurs publics, mais aussi de plus en plus d’institutions financières, banques et assurances. « Le marché qui fleurit est celui de fonds d’investissement qui veulent développer leurs actifs », a souligné Michel de Warren, directeur des investissements de la Société forestière, qui a aussi évoqué l’arrivée d’investisseurs chinois ou brésiliens. « La forêt demeure un actif de référence, contra-cyclique, rassurant », d’autant plus qu’il y a « une volonté politique de développer la filière bois », a souligné Gilles Seigle, PDG de la Société forestière. Les investisseurs apprécient particulièrement que la fiscalité de la forêt soit douce (revenu exonéré abattement ISF et successoral….) et surtout stable. Les gouvernements qui se suivent ont tous compris le danger qu’il y aurait à modifier les règles du jeu pour ceux qui décident d’investir pour le très long terme…
Conséquence de ces intérêts renforcés pour le massif forestier français, le prix des forêts françaises a légèrement augmenté en 2013, malgré une nette baisse des ventes de grandes forêts, dans un secteur qui se financiarise de plus en plus, selon l’indicateur annuel du marché des forêts présenté mardi par les deux partenaires. Le prix de l’hectare de forêt a gagné 1,6% en 2013, après un léger repli en 2012, une hausse qui s’inscrit « dans un contexte d’amélioration relative de la filière bois française qui voit le prix du bois augmenter de 10,4% », soulignent dans un communiqué la Fédération nationale des Safer (FNSafer), organismes chargés de l’aménagement de l’espace rural, et la Société forestière de la Caisse des dépôts. Le prix moyen s’établit à 3.990 euros l’hectare, mais peut aller de 600 à 11.000 euros/ha en fonction du type de bien. Les forêts les plus chères se trouvent dans la moitié nord du pays, en particulier en Sologne, Champagne et Bourgogne. Les forêts d’Aquitaine, les moins onéreuses, ont souffert de la tempête Klaus en 2009. »Sur les quinze dernières années, le prix de l’hectare de forêt a progressé de 46% », a rappelé Robert Levesque de Terres d’Europe-Scafr, bureau d’étude de la FNSafer, lors d’un point presse. Le nombre de transactions augmente lui aussi légèrement, de 1,8%, soutenu par « la progression régulière des ventes de petites surfaces » forestières (celles comprises entre 1 et 10 ha).
pierrepapier.fr (avec AFP)