Blackstone et la Caisse de dépôt du Québec s’invitent dans le dossier Gecina, selon Les Echos. Ce reclassement auprès d’actionnaires financiers ne règle pas le dossier de cette SIIC alors que le secteur reste sur la défensive. Christophe Kullmann, le nouveau président de la FSIF aura du pain sur la planche.
Ce seraient finalement le fonds d’investissement Blackstone et la Caisse de dépôt du Québec qui ont racheté à des banques des créances sur les actionnaires espagnols défaillants de la société foncière française Gecina. Ils obtiendraient ainsi 12% de son capital, rapporte mardi le site internet Les Echos.
Blackstone et la Caisse de dépôt du Québec ont racheté pour plus de 600 millions de ces créances mis en vente par plusieurs banques qui avaient gagé leurs créances sur ces titres, ajoutent Les Echos, alors que ces titres font toujours l’objet d’un gel de leurs droits de vote en raison du contentieux qui existe entre Gecina et son ancien président Rivero. Cette décision des deux actionnaires espagnols s’explique d’ailleurs par la décision du juge français Renaud Van Ruymbeke de geler les dividendes qu’ils devaient recevoir de Gecina en 2012 au titre des bénéfices de 2011 qui devaient servir à rembourser les intérêts des emprunts aux banques espagnoles et à la banque française Natixis.
Deux actionnaires espagnols de Gecina ont été déclarés début octobre en cessation de paiement, les sociétés Alteco Gestion y Promocion de Marcas et Mag Import S.L, qui détenaient 15,6% et 15,3% de son capital. Les sociétés Alteco Gestion et Mag Import – véhicules d’investissement des familles Rivero et Soler qui possèdent 31% de Gecina – se sont déclarées en cessation de paiement avec l’espoir de renégocier avec leurs banques un crédit de 2,16 milliards d’euros souscrit en 2006 pour entrer au capital de Gecina.
Le sort du solde de la participation des deux sociétés actionnaires espagnoles demeure, puisqu’elles conservent encore près de 19 % du capital de Gecina. La recomposition du capital de la Société d’investissement immobilier cotée est donc loin d’être achevée. Et c’est sans doute à cette aune qu’il faut considérer l’entrée au capital de Gecina de ces deux actionnaires financiers. Mercredi, dans ce contexte de spéculation, le titre Gecina reprenait sa progression en engrangeant 1,06 % à 86 euros.
Trois scénarios sont toujours en lice. Le plus improbable est celui d’une OPA de la société espagnole Metrovacesa, le premier actionnaire de Gecina avec 26,85 % de son capital, qui est elle-même contrôlée par des banques espagnoles. Un statu quo qui verrait Gecina conserver un actionnariat éclaté est pour sa part possible, mais souffre de handicaps car Gecina a besoin d’un catalyseur pour accélérer sa mue en foncière tertiaire. Enfin, les analystes de Société Générale ont mis récemment en évidence les atouts d’un rapprochement avec Foncière des Régions (FDR) qui aurait la vertu de consolider un deuxième grand acteur dans ce secteur aujourd’hui dominé par Unibail-Rodamco. Le secteur des SIIC est en effet à la recherche d’un nouveau souffle. Depuis la crise ouverte par la chute de la banque Lehman Brothers, les sociétés foncières de taille moyenne voient leurs stratégies bridées par le peu d’appétence des banques pour renouveler leurs lignes de crédit et encore moins pour en octroyer de nouvelles. La dernière étude d’Anne-Céline Cambier, analyste senior de l’IEIF montre en effet qu’au troisième trimestre les investissements des SIIC n’ont plus compté que pour 6 % du total des 3 milliards d’euros de transactions intervenues de juillet à la fin septembre 2012. Ce n’est bien sûr qu’un simple trimestre, mais quand on voit que les SIIC ont représenté 21% des cessions sur ce trimestre, on commence à s’interroger sur les vertus contra cycliques prêtées aux SIIC. C’est un aspect que l’on aurait tort de négliger alors que les négociations sur l’avenir du statut de transparence fiscale des SIIC font régulièrement l’objet d’amendements législatifs. Elles ont été exclues l’an dernier des Plan d’épargne en actions (PEA) et ont été soumises à la nouvelle taxe de 3 % sur la distribution de dividendes alors même qu’elles ont l’obligation de distribuer 85 % de leurs bénéfices.
Hasard du calendrier, c’est justement aujourd’hui qu’a été rendu publique la désignation de Christophe Kullmann, le président de Foncière des Régions, à la tête de la Fédération des sociétés immobilières et foncières (FSIF) qui a la charge de négocier avec les pouvoirs publics toutes les questions relatives au statut des SIIC. Certes, il pourra mettre en avant le programme de 17 milliards d’investissement des SIIC pour les cinq prochaines années. Mais il ne pourra pas occulter les difficultés de la plupart de ses membres à aller de l’avant tandis que les principales sociétés du secteur, qui ont su trouver sur le marché obligataire une diversification favorable de leurs sources de financement, consacrent souvent leurs plus gros investissements à l’étranger.
Christophe Tricaud
Rédacteur en chef
pierrepapier.fr