« La logistique est aujourd’hui un segment incontournable dans l’immobilier commercial », affirme Peter Viens. Le gérant de l’OPCI Grand Public Sofidy Pierre Europe revient sur le développement de ce secteur porté par le succès du e-commerce, mais dont la mutation pourrait bien profiter aux grands distributeurs traditionnels.
Le secteur de la logistique connaît en Europe une croissance régulière, appelée à perdurer. L’explosion du e-commerce est le principal catalyseur de sa croissance. En Europe, les ventes en ligne progressent d’environ 15 %¹ par an et le cap des 300 milliards d’euros² de chiffre d’affaires devrait avoir été franchi l’année dernière !
L’e-commerce comme moteur de croissance
Avec en toile de fond des changements profonds dans les modes de consommation et de nouvelles exigences, notamment environnementales, non sans conséquences sur le secteur de la logistique. Avec une projection de 4 000 milliards de tonnes-kilomètres par an d’ici 2050, contre 2 300 milliards de tonnes-kilomètres³ par an en 2018, ce secteur devrait connaître une croissance annuelle moyenne de 2 % au cours des trente prochaines années.
Maintenir des coûts de livraison compétitifs…
Le délai de livraison 24h/48h étant devenu crucial dans la décision d’achat, avec une tendance dans les très grandes agglomérations à la livraison en 1 heure, la logistique dite du « dernier kilomètre », c’est-à-dire le dernier maillon de la chaîne de distribution d’un colis, est aujourd’hui un enjeu stratégique pour les logisticiens. Représentant 25 à 30 % du coût de livraison, et actuellement non compressible, c’est l’étape la plus onéreuse. À cela s’ajoutent les prix du pétrole qui connaissent une augmentation structurelle, estimée à 3,1% par an sur les dix prochaines années. Enfin, le manque de main-d’œuvre à tous les niveaux de qualification génère aussi une hausse des coûts pour attirer des travailleurs dans des zones souvent éloignées des centres urbains, avec parfois des conditions de travail très contraignantes.
…tout en répondant aux exigences environnementales
La transition vers une économie bas-carbone et les attentes, déjà immédiates, des citoyens en matière de réduction des impacts environnementaux des transports routiers engendrent de nouvelles taxes mais aussi la nécessité de basculer vers une logistique « verte » avec le renouvellement des flottes vers des véhicules propres, voire l’abandon, sur certains axes, du transport routier en faveur du fluvial et du ferroviaire moins polluants. A ces coûts de transformation environnementale s’ajoute une baisse de la productivité provoquée par un trafic de plus en plus important aux abords des grandes agglomérations, lié à un phénomène de métropolisation qui s’accélère. Cette baisse de productivité pourrait s’amplifier avec une flotte de véhicules électriques à l’autonomie plus faible et au temps de recharge plus long.
La logistique doit faire sa révolution
Elle peut pour cela tirer profit des nouvelles technologies et de la transformation digitale. L’automatisation de toute la chaîne logistique, accélérée par le big data et les robots, permet d’augmenter la productivité et de répondre aux aléas de l’offre de main-d’œuvre locale. Tout en répondant aux exigences de rapidité et de traçabilité de la livraison, la digitalisation répond aussi à un enjeu devenu majeur pour l’e-commerce : la capacité à prévoir l’évolution de la demande des consommateurs afin d’adapter les stocks et la chaîne logistique en conséquence. Enfin, l’utilisation de véhicules autonomes permettrait de répondre aux défis environnementaux tout en assurant une meilleure sécurité et davantage de flexibilité sur le temps de transport. Les défis auxquels sont confrontés les logisticiens pourraient dans ces conditions se transformer en opportunités pour les plus innovants.
Les atouts des grands distributeurs traditionnels
Selon nous, les acteurs traditionnels de la grande distribution, pour qui la logistique est l’une des composantes de leur ADN, sont bien positionnés pour profiter de cette nouvelle dimension. Leur profil traditionnel « brick and mortar», que l’on considère souvent comme une faiblesse face aux géants du e-commerce, leur permet justement d’optimiser la gestion du « dernier kilomètre», aujourd’hui nerf de la guerre. Ils ont en effet constitué au fil des années un réseau historique de plateformes et d’entrepôts, implantés systématiquement sur les meilleurs emplacements stratégiques.
C’est aujourd’hui un avantage pérenne sur les acteurs du e-commerce qu’ils sauront exploiter grâce à leur capacité d’adaptation et à leur transformation digitale en cours.
Peter Viens
A propos de Peter Viens
Peter Viens a commencé sa carrière en 2003 chez Bouygues Construction en tant qu’acheteur dans le bâtiment, avant de rejoindre Aéroports de Paris en 2004, puis Danone Produits Frais France en 2007, dans des fonctions liées aux achats et à l’immobilier. En 2010, il intègre la Société Générale, et devient responsable Asset Management Immobilier Corporate Asie pour le Groupe. En 2015, il devient le Directeur Immobilier Europe du Groupe Air Liquide. Peter Viens est diplômé de l’École Centrale de Lyon, avec une spécialisation en immobilier, et est membre de la RICS. Il gère l’OPCI Sofidy Pierre Europe depuis mars 2018.
A propos de Sofidy
Depuis 1987, Sofidy conçoit et développe des produits d’investissement et d’épargne (SCPI, OPCI, SIIC, Société Civile, OPCVM Immobilier, Fonds dédiés) orientés principalement vers l’immobilier de commerces et de bureaux. Premier acteur indépendant sur le marché des SCPI avec plus de 5,1 milliards d’euros sous gestion, Sofidy est un gestionnaire de référence dans le paysage de la gestion d’actifs immobiliers en France et en Europe. Agréée par l’AMF, Sofidy est régulièrement distinguée pour la qualité et la régularité des performances de ses fonds. Sofidy gère pour le compte de plus de 50 000 épargnants, et un grand nombre d’institutionnels, un patrimoine immobilier constitué de plus de 4 200 actifs commerciaux et de bureaux. SOFIDY est une filiale du groupe TIKEHAU Capital
[1] Centre for Retail Research.[2] Oxford Econometric Forecasts.
[3] Cushman & Wakefield – « The changing face of distribution ».