Qu’a révélé ou accéléré, entre autres, la crise sanitaire ?
Depuis 2001, nous sommes entrés dans le monde de l’hyperbole, de l’hyperconsommation, de l’hyperconnexion, de l’hyperproductivité, dans un contexte de mondialisation. En bref : on a assisté à la création d’un surhomme. Mais d’un surhomme hyper anxieux. Pour son avenir. Et pour la planète. Si la communauté humaine en était consciente, le basculement ne s’était pas effectué. La crise sanitaire, par l’hibernation forcée, a accéléré cette transformation. Et nous sommes passés en mode « reset ». Ce mode reset semble nous entraîner vers une frugalité. Notamment une frugalité immobilière.
Exemples ?
Prenons 2 exemples : le télétravail et la lutte contre le réchauffement climatique.
Le télétravail a conduit de nombreux salariés à repenser l’usage du bureau comme un lieu d’occupation serviciel où la qualité des espaces et des services prime la densification. En effet, les employés ressentent le besoin de revenir au bureau. Mais d’une manière plus qualitative. Et cette transformation se généralise progressivement. Il y a une recherche de davantage de centralité, de davantage de services au sein du bureau. Ce n’est pas une recherche d’économie financière. C’est avant tout une recherche de qualité et de qualité d’usage au sein des bureaux.
Et la lutte contre le réchauffement climatique ?
Deuxième exemple : la lutte contre le réchauffement climatique affichée par l’Accord de Paris et la COP 21. Les débats s’achèvent aujourd’hui. Et les actions doivent avoir lieu. Elles se diffusent vers tous les acteurs économiques. Regardons au plan européen. Le plan de relance oriente massivement les investissements vers la transition énergétique. Et, pour ce qui concerne nos métiers, vers l’épargne responsable. Au niveau français, la récente loi Climat veut limiter l’artificialisation des sols et le rythme de bétonisation en France.
Que constate-t-on au niveau de l’offre immobilière par rapport à ces éléments « macros » ?
Une réduction de la production sur les différents segments.
- Sur le logement : 400 000 logements produits annuellement depuis 2006 en France. En 2021, seulement 325 000 logements produits.
- Sur le segment des bureaux. On constate en Île-de-France – et c’est une première depuis 2016 -, une diminution de l’encours de production de 15%. Cette diminution est en train de se diffuser sur les principales métropoles régionales. Ne prenons qu’un exemple : à Lyon Part-Dieu, où un projet de 85 000 m² de bureaux a été abandonné très récemment.
- Enfin, sur le segment des commerces, plusieurs projets ont été abandonnés. Dont plusieurs projets phares. Comme EuropaCity, à Gonesse. Comme le projet Ode à la Mer à Montpellier. Ou, récemment, un projet à Rennes.
Quelles conséquences pour les investisseurs en immobilier ?
Finalement, cette diminution de l’offre engagée ne serait-elle pas bénéfique aux propriétaires et à la valeur de rente immobilière exprimée par nos politiques ?
Vous l’avez compris, le monde change et les propriétaires doivent s’adapter. Nous sommes passés d’un système de maître d’ouvrage à maître d’usage. Le contenu devient aussi important que le contenant. L’obsolescence s’accélère et le propriétaire doit s’adapter. Les futurs lieux de vie s’orientent vers une plus grande mixité de la ville et des immeubles.
Alors, non, définitivement, l’immobilier n’est pas immobile, ni une rente. Seul le travail des gestionnaires peut s’adapter et accompagner ce mode qui sera bénéfique.
Notre conviction est qu’effectivement cela sera un atout pour les propriétaires qui sauront s’adapter à cette évolution.
Propos recueillis par pierrepapier.fr
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