Plusieurs foncières cotées en Bourse viennent, coup sur coup, de procéder à des émissions obligataires. Des opérations bien accueillies par le marché, et menées à des conditions de taux relativement « détendues ».
Le 16 juin dernier, la foncière Covivio (ex-Foncières des Régions) plaçait avec succès une émission obligataire à 10 ans de 500 millions d’euros. Quelques jours plus tôt, SFL (Société Foncière Lyonnaise) avait déjà procédé au placement d’une émission d’un même montant. Mais de plus courte maturité (7 ans). Là encore, l’appétit des investisseurs était au rendez-vous.
Emission Covivio sursouscrite 5 fois
L’opération Covivio a de fait reçu un accueil plus que favorable. « L’émission a été sursouscrite près de 5 fois », précise en effet la foncière dans un communiqué. Mieux encore, le placement a été réalisé dans des conditions financières plutôt attractives pour Covivio. Le coupon fixe s’établit en effet à 1,625%. Comme le souligne le bureau d’analyse Invest Securities dans l’une de ses études, cette émission « matérialise une dégradation modérée du coupon, de +12,5 points de base ». La dernière opération réalisée par Covivio sur une même maturité, en juin 2017, s’était placée à un taux de 1,5%. Et le coût moyen de sa dette en place, fin 2019, n’était guère plus élevé (1,55%) que le taux de sa dernière émission.
Emission SFL, aux mêmes conditions qu’en mai 2018
L’émission SFL du 27 mai s’est faite quant à elle aux mêmes conditions qu’une émission de même maturité et de même montant réalisée en mai 2018 : 1,5%. Elle fait toutefois ressortir un léger surcoût par rapport au coût moyen de sa dette fin 2019 (1,40%). Mais présente l’avantage d’allonger de quelques mois la maturité de sa dette (4,2 ans fin 2019). D’autres foncières cotées en Bourse ont pris le risque de procéder à des émissions obligataires durant la période de confinement. Les taux obtenus étaient alors plus « tendus ». Et ce d’autant plus qu’elles concernaient des foncières essentiellement « commerces ».
Des émissions plus coûteuses pour les foncières Klépierre et UMR
La plus récente, celle réalisée par Klépierre le 6 mai dernier, affichait un coupon de 2% (600 M€ sur 9 ans). Contre un coût moyen de la dette en place de 1,45%. Les deux souches obligataires placées par URM, au plus fort de la hausse des taux de rendement actuariels, étaient encore plus rémunératrices. L’une offrait un coupon de 2,125% (600 M€ à 5 ans). L’autre de 2,625% (800 M€ à 10 ans). Dans les deux cas, ces opérations ont elles aussi bénéficié de l’intérêt des investisseurs. L’émission Klépierre a été sursouscrite 5 fois. Celles d’UMR, 2 fois. Des résultats qui attestaient déjà de la confiance des opérateurs dans la capacité de ces deux foncières à traverser la crise.
Confiance des investisseurs
Les opérations Covivio et SFL, plus récentes, confirment ce relatif crédit pour l’ensemble du secteur. Les conditions plus avantageuses obtenues par les foncières émettrices témoignent de la détente des taux. Elles s’expliquent aussi par le fait que ces émissions ont été menées par des foncières majoritairement investies dans le secteur des bureaux[1]. Un créneau jusqu’à présent jugé plus résilient que celui du commerce. Même si, aujourd’hui, des inquiétudes s’exprimant sur l’usage futur de l’actif bureau, ce secteur risque lui aussi à l’avenir de connaître davantage de volatilité…
Frédéric Tixier
[1] SFL est investie en bureaux à hauteur de 74% de son patrimoine, essentiellement situé à Paris. Le patrimoine de Covivio n’est en revanche placé qu’à 60% sur ce secteur. Depuis son OPA sur Godewind Immobilien, annoncée en février 2020, le résidentiel allemand représente 24% de son actif. Le solde (15%) est investi dans l’hôtellerie (Covivio Hôtel).
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