L’inflation est de retour ? Non, la hausse des prix, ce qui n’est pas forcément la même chose même si le résultat est le même. Au niveau du pouvoir d’achat. Pour l’immobilier ou la Bourse, il est important de ne pas se tromper de contexte économique, explique Guy Marty au micro de Fabrice Cousté, sur Radio Patrimoine.
Fabrice Cousté : Aujourd’hui nus allons parler inflation. L’inflation repart-elle ? Faut-il avoir peur pour la Bourse où se réjouir pour l’immobilier ?
Ne pas confondre hausse des prix et inflation
Guy Marty :
Attention, il faut savoir ce qu’est l’inflation. En fait au sens propre, l’inflation c’est le gonflement de la masse monétaire en circulation dans l’économie. Donc cela entraine la hausse des prix, normal. Et c’est comme ça que l’inflation a été vue jusqu’aux années 80. Inflation et hausse des prix sont devenues parfaitement synonymes. Mais curieusement en 2008 lorsque les banques centrales ont inondé l’économie de liquidités, il n’y a pas eu d’inflation. Et en 2020, de nouveau, inondation de liquidité, pas d’inflation non plus.
Fabrice Cousté :
Mais pourtant Guy, on voit bien aujourd’hui que les prix augmentent ?
Guy Marty :
Oui mais les prix augmentent parce que le coût des matières premières augmente, parce que le coût des transports maritimes augmente. Donc alimentation, gaz, électricité, oui c’est une atteinte sérieuse au coût de la vie. Appelez ça inflation si vous voulez mais là, vous risquez de rater quelque chose. Car s’il y avait inflation au sens propre, il y aurait aussi augmentation des salaires. Et puis cela ne ferait pas souffrir les entreprises, car de toute façon elles vendraient plus cher leurs produits et services. Et les clients pourraient suivre car ils auraient plus d’argent si justement il y avait inflation.
Or ce n’est pas du tout ce qu’on a. Il n’y a pas inflation au sens classique du terme, c’est-à-dire avec une hausse général des prix et salaires. En revanche vous pouvez appeler inflation si vous voulez une hausse des prix causée par la production et les échanges. C’est l’activité et le commerce mondial qui font augmenter les prix, ce n’est pas la finance. C’est une inflation par l’économie, ce n’est pas une inflation par la monnaie.
Fabrice Cousté :
Alors maintenant si on regarde les conséquences pour la bourse et pour l’immobilier ?
Avoir peur pour la Bourse et se réjouir pour l’immobilier ?
Guy Marty :
D’abord la Bourse, elle, est prise entre deux vents contraires.
- D’abord un vent d’enthousiasme. Pourquoi ? Parce que ce qu’il y a accélération technologiques. Ce sont des perspectives immenses qui s’ouvrent. Vous savez il y a des nouvelles sociétés dans le digital, dans la blockchain, dans les crypto monnaies, dans la réalité virtuelle, dans l’intelligence artificielle… C’est véritablement une nouvelle conquête de l’Ouest avec des horizons pour l’instant illimités. Donc la Bourse est enthousiaste. Rien à voir avec l’inflation.
- Mais il y a un vent contraire. qui n’a rien à voir non plus avec l’inflation.C’est la peur. Parce que notre système monétaire international est à bout de souffle. Et il est menacé. Il est menacé d’abord par l’endettement gigantesque des États, c’est la menace de l’intérieur. Et il est aussi menacé de l’extérieur avec la naissance du Bitcoin, le développement du Bitcoin et de toutes les crypto monnaies qui cherchent à se substituer, qui ont pour ambition de se substituer au dollar, à l’euro etc… Et ce système monétaire est aussi menacé par des questions géopolitiques. La Chine aimerait ou voudrait ou veut mettre fin au règne du dollar. Pour ça elle a annoncé pour mars 2022 par exemple la sortie de sa monnaie nationale crypto, le e-Yuan, qui sera donc une monnaie virtuelle et qui a pour objectif de devenir la monnaie mondiale. Donc le système monétaire est vraiment à un carrefour et donc la bourse s’inquiète.
Par conséquent, au niveau boursier on peut s’attendre à beaucoup de volatilité, et peut-être de plus en plus de volatilité.
Fabrice Cousté :
Alors pour l’immobilier, que va-t-il se passer ?
Guy Marty :
L’immobilier, cette hausse des prix le concerne sur un aspect qui est le pouvoir d’achat des ménages. On sait que l’évolution des prix et des loyers est évidemment dépendante du niveau de vie, donc du pouvoir d’achat des particuliers ou des familles qui veulent habiter ici ou là. Donc en ce sens il y a déjà une première influence sur le logement.
Le reste, cela n’a plus rien à voir avec l’inflation ou la hausse des prix. Ce sont des questions de crédits, ce sont des questions de construction, des questions de choix géographique etc… Mais on n’est pas dans un sujet d’inflation pour l’instant dans le logement.
Inflation or not inflation ? Attendons la suite
Fabrice Cousté :
Qu’est-ce que le conseiller en gestion de patrimoine peut dire à ses clients au sujet de l’inflation ?
Guy Marty :
Lui, il peut dire plusieurs choses à mon avis.
D’abord, il peut dire que s’il y avait vraiment de l’inflation, à terme, l’immobilier comme la Bourse seraient des bons refuges. Pourquoi ? Parce que si je prends la bourse par exemple, en cas d’inflation véritable avec hausse des prix et salaires, les entreprises vendent plus cher en monnaie nominale. Mais en monnaie nominale leurs chiffres d’affaires augmentent, leurs bénéfices augmentent etc… Donc la Bourse va protéger les investisseurs à long terme contre l’inflation.
De même l’immobilier. Quand il y a augmentation des prix et des salaires, de toute façon les loyers augmentent et donc les prix suivent. Sauf que, aujourd’hui, pas de panique, on n’est pas encore dans un régime d’inflation. L’idée si vous voulez c’est qu’il y a inflation, l’inflation cause la hausse des prix. Et puis là, il y a hausse des prix. C’est un peu comme quand vous dites je bois un verre de vin, vous ne buvez pas le verre, vous buvez le vin. Donc faisons la différence entre inflation et hausse des prix. Pour l’instant on a des hausses des prix, c’est un problème économique qui peut entrainer d’autres conséquences. Eh bien on suivra !
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