Bonjour,
Chaque début d’année, il y a les vœux, et il y a les prévisions.
Vive les voeux !
Les vœux, c’est parfait ! Nous remettons les compteurs à zéro, nous oublions un instant tous les petits et grands malheurs de la vie, et nous souhaitons que tout aille bien, la santé, le bonheur, pour nous, pour nos proches, et nous souhaitons aussi que tous nos projets et activités aboutissent. Au moins le jeu est clair, nous rêvons que la vie soit plus clémente. Chaque début d’année nous redonnons vie à ce rêve. Qui sait, cela améliore peut-être le cours des choses…
Erreurs de prévisions
Les prévisions pour l’année, en revanche, sont un exercice beaucoup plus discutable.
Que nous disaient les spécialistes en tous domaines au début de l’année dernière, l’année 2019 ?
- Les taux monteraient
- La fièvre sur le logement se calmerait
- La Bourse serait médiocre
- La croissance américaine allait enfin s’arrêter
Pas besoin d’allonger la liste, c’était faux sur toute la ligne : une incroyable baisse des taux d’intérêt – négatifs ! -, le logement battant tous ses records d’activité, une Bourse formidable, et une croissance américaine qui tient le coup.
Alors ?
Il y a deux façons de regarder cette situation extraordinaire.
Prévisions…et superstition
D’abord, un peu d’histoire. Autrefois on consultait les oracles, aujourd’hui ce sont les spécialistes. De tout temps, nous avons voulu entendre ceux qui parlent de l’avenir. Ils se trompent ? Probablement, et alors ? Cela s’appelle la superstition. En face de l’inconnu, nous voulons qu’on nous dise quelque chose, peu importe que cela soit fondé ou non, ce sera mieux que le silence. Des prévisions fausses, plutôt que le mystère du vide.
Bon, c’est une version un peu cruelle, je vais essayer d’être un peu moins négatif.
Nous aimerions savoir de quoi l’avenir sera fait : normal.
Nous nous adressons à des spécialistes : normal.
Mais au moment des vœux, nous demandons à ces spécialistes un exercice dont ils sont bien incapables, des prévisions sur un an ! Pourquoi un an ? Ni l’économie, ni la Bourse, ni l’immobilier, ne vivent sur un rythme annuel !
Tendances longues
La Bourse est en hausse depuis le creux de 2008. Elle monte parce que l’économie se transforme, parce que des entreprises innovent et réussissent. Elle monte, mais pas en ligne droite : avec des hauts et des bas au rythme des aventures et mésaventures de l’économie et des gens. Un an ne veut rien dire !
Les prix du logement, eux, sont à la hausse depuis la fin de la dernière crise immobilière, c’est-à-dire depuis 1997. C’est une fusée à trois moteurs qui tire les prix vers le haut :
- la construction va moins vite que le besoin ou la demande de logements
- la population se concentre dans les villes,
- et les taux d’intérêts sont très bas.
Ces moteurs ne vivent pas selon un rythme annuel !
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Oui, on peut analyser les grandes tendances. Là, les prévisions ont un sens. Mais sur une année, il peut y avoir du calme, ou des chocs, ou des bonnes surprises, mais il n’y a aucune logique sur laquelle appuyer un raisonnement fondé.
Lewis Carroll avait fort bien expliqué cela. Je cite : « Il était une fois une coïncidence qui était partie faire une promenade avec un petit accident ; pendant qu’ils se promenaient tous deux, ils rencontrèrent une explication, une très vieille explication, si vieille qu’elle était toute pliée en deux et ratatinée, et qu’elle ressemblait plutôt à une devinette ».
Pourquoi faire semblant avec des prévisions pour l’année ? Autant faire comme les prêtres romains qui lisaient l’avenir immédiat dans les entrailles des animaux tout en pouffant discrètement de rire, entre eux.
Restons en aux vœux, et préparons l’avenir, le vrai, celui du temps long.
Et pour commencer, je vous souhaite une très bonne journée.
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