Le déclin économique menace-t-il la France et la vieille Europe ? Les bouleversements géopolitiques et les nouveaux équilibres du monde annoncent-ils une dégradation de nos conditions de vie ? L’actualité, les débats, les agitations sociales pourraient nous faire penser que notre société tout entière a quitté l’âge adulte pour entrer dans celui de la vieillesse… sombre avenir ! Mais illusion : rien n’est encore vraiment joué.
Bonjour,
Je pourrais vous dire : « dans le contexte actuel, j’espère que vous n’allez pas trop mal », mais je préfère vous dire : « j’espère que vous allez bien ! »
Nous avons aujourd’hui un vrai problème ! Pour rester politiquement correct, ou simplement ne pas paraître inconscient ou irresponsable, il est pratiquement nécessaire de prendre un air de circonstance. La situation économique, sociale, internationale, est complexe, préoccupante, dangereuse même. Soyons sérieux, soyons tristes, soyons perplexes devant l’avenir incertain et notre déclin économique inéluctable.
Et si c’était un piège ? Et si justement le moyen de s’en sortir était d’avoir de l’allant, de l’ambition, des projets ?
La tragédie du vieillissement démographique…
Prenons l’exemple des retraites. Ce plat nous a été servi froid, peu appétissant. L’allongement de la vie, cette merveilleuse conquête toute récente de l’humanité ? Eh bien non, c’est le terrible vieillissement de la population auquel nous devons faire face, avec des problèmes insurmontables de financement… une bonne, très bonne nouvelle présentée en drame.
Pourtant, il aurait été possible d’aborder les choses sous un autre angle.
D’abord, en 1980 le PIB par habitant, autrement dit la richesse produite en France rapportée au nombre de personnes – adultes, bébés, enfants, adolescents, vieux, bref tout le monde – en 1980, 8 200 euros pour le PIB par habitant. Cette année, environ 34 000 euros. Même si entre-temps notre société s’est transformée, a augmenté ses dépenses de fonctionnement, il doit bien y avoir un peu d’argent quelque part.
…ou la belle dynamique de l’allongement de la vie ?
Ensuite, l’allongement de la durée de vie a eu pour résultat l’invention du 3ème âge. Auparavant, on passait directement de la vie active, le 2ème âge, à la vieillesse qu’on appelle aujourd’hui le 4ème. Le tout ou rien de la retraite correspondait au passage direct de la vie active à la véritable vieillesse. Mais entre les deux on a glissé une nouvelle période de la vie où l’on est encore en bonne santé, où l’on a de l’expérience et où l’on n’est pas encore vieillard au sens d’autrefois. Formidable ! Voilà le sujet dont il aurait fallu débattre. Bien sûr il y a les questions relatives à la plus grande pénibilité de certains métiers, à l’équité homme-femme, le fait aussi que tout le monde n’a pas la même santé ou la même énergie en arrivant à la soixantaine.
Mais toutes ces questions gagneraient à être posées dans un cadre plus large. Que pourrait-on proposer, à l’échelle de l’ensemble de la société, pour cette nouvelle période dans la vie des gens ? Pourquoi par exemple ne pas ajouter une pension de retraite et une activité adaptée, si nous prenions la peine d’imaginer et organiser ces activités ? La société y gagnerait, il y a tellement de choses à faire. Et à titre individuel rester utile, même avec une activité réduite, ou moins dure, n’est peut-être pas mauvais en soi. Pas simple, pas facile, mais les débats deviendraient bien plus féconds si l’on pensait la retraite en intégrant la puissante révolution du troisième âge.
Le déclin économique du vieux monde se prépare… ou pas ?
Je viens de prendre le cas de la retraite parce qu’il est d’actualité, mais il y aurait plein d’autres exemples. Ainsi, les questions géopolitiques assombrissent l’horizon. L’économie mondiale est plutôt menaçante pour le niveau de vie européen. Changeons d’angle de vue, essayons de regarder la situation de façon plus positive. À quoi pourrait servir l’Europe dans le monde de demain ? Voilà ce qui devrait nourrir les réflexions et les débats.
Relativement au monde qui nous entoure, la population européenne est cultivée, éduquée, avec des scientifiques, des artistes, des managers. N’y a-t-il pas des services que nous pourrions coordonner et proposer ? Nous exportons déjà le luxe, et nous attirons du monde dans nos musées et nos sites historiques. Nous sommes performants en aéronautique. De plus, nous avons clairement de l’expertise en matière d’urbanisme et d’immobilier. Et nous ne manquons pas de dynamisme en matière de start-ups et dans la course vers le digital, etc. etc.
Avec un effort d’imagination nous découvrirons bientôt que nombre de talents, de savoir-faire pourraient avoir une valeur marchande dans l’économie planétaire, et permettre à la vieille Europe de jouer un rôle intéressant, utile et donc stratégique. Ce serait plus positif que de se morfondre à contempler une décadence…
Une autre explication de la croissance ou du déclin économique
Je pourrais continuer avec d’autres exemples. Mais ce que j’essaie de dire, ce n’est pas que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Pour paraphraser Leibnitz, ou plutôt la critique qu’en a fait Voltaire. L’optimisme de Candide est à fuir, évidemment. En revanche le pessimisme et l’abattement n’ont jamais apporté la moindre prospérité, si l’on en reste à l’économie. La carte des pays du monde se divise entre ceux qui ont de l’ambition, des projets, qui pensent l’avenir d’une façon ou d’une autre, et ceux qui basculent dans une attitude défensive, voire cynique ou démoralisée.
D’après l’étymologie, l’émotion vient à l’origine du mouvement (é – extrait de, motion – mouvement). Il y a aussi l’inverse : l’émotion suscite du mouvement. Mais pas n’importe quelle émotion, et surtout pas l’abattement ! Or actuellement nos media, nos débats sont le symptôme d’une perte d’ardeur à vivre.
Mouvement vers la prospérité, ou déclin économique ? Tout commence par la façon de penser, de regarder, d’imaginer, d’échanger… Ne serait-il pas temps de renverser la tendance, de presser les problèmes non pour pleurer mais pour en faire sortir des pistes d’avenir ?
Je vous souhaite une excellente journée.
Voir aussi