En quelques semaines à peine, notre monde a été paralysé par l’épidémie du coronavirus.
Du jamais vu, assurément.
C’était pourtant la même exclamation en 2008. Du jamais vu ! Et l’on pourrait revenir sur tous les grands chocs précédents, c’est chaque fois le même point de départ. Un problème inédit, inattendu, qui fait trembler le monde et semble marquer la fin d’une époque. Plus rien ne sera comme avant.
Comme chaque fois, il est tentant d’analyser le passé immédiat. Aujourd’hui on peut accuser les délocalisations imprudentes, l’absence de réaction assez rapide pour empêcher un virus de profiter des vents de la mondialisation, le manque de masques, de tests, de respirateurs, la faiblesse de capacité d’accueil de nos hôpitaux. Mais si le choc avait été différent, si, au lieu d’une épidémie du coronavirus le monde avait soudain été secoué par une crise financière, à quelles analyses critiques se livrerait-on ?
Le choix
Il n’est pas honteux de se heurter à de grandes difficultés. Le seul enjeu est de les surmonter sans perdre son âme. Face au coronavirus, nos démocraties ont logiquement arbitré entre les priorités : d’abord sauver le maximum de vies, ensuite seulement préserver l’économie.
Les mesures de confinement correspondent par conséquent à un impératif qui ne se discute pas, mais dont l’impact sera très violent sur la prospérité.
Comme toujours, des victimes seront désignées par l’arbitraire. Les secteurs du commerce, de l’hôtellerie ou des loisirs par exemple, n’avaient pas de faute particulière à expier. Cruauté du destin.
La machine économique, soutenue à grand renfort de remèdes d’urgence par les gouvernements et les banques centrales, redémarrera. Ensuite il faudra réparer les effets secondaires des remèdes administrés. Tellement d’argent créé, tellement de financements sortis du chapeau pour maintenir coûte que coûte la respiration du malade… nul doute que les questions de dette ne se poseront plus jamais comme avant. Peut-être même l’inflation, longtemps bannie, apparaîtra comme une pluie bienfaisante pour une croissance de nature différente.
Comme toujours aussi, ce seront les plus faibles qui paieront le prix fort. Entreprises détruites pendant le confinement dont on ne connait pas encore la durée exacte, emplois détruits aussi, les questions de régimes sociaux et de partage reviendront au cœur des préoccupations, dans une vision rendue différente par l’ampleur de la secousse et de ses conséquences.
Le monde de demain
Un grand choc n’est pas seulement une parenthèse dans l’histoire. Il y a avant, et après.
Nos sociétés apprendront à vivre avec le risque d’épidémie. Meilleure hygiène collective, nouvelles précautions inscrites dans le quotidien, plus de prévention et de systèmes d’alerte, révision des systèmes de santé. Peut-être aussi des relations sociales différentes, si « l’autre » est un danger potentiel.
Les gouvernements et les banques centrales, dont l’intervention aura été indispensable pendant la crise, ne rendront pas de sitôt leur nouveau pouvoir. Les libertés fondamentales seront peut-être revues à la baisse.
Le digital et le virtuel, qui ont fait une entrée fracassante pendant le confinement, vont transformer plus rapidement que prévu les modes de travail, de loisir, de vie. Avec sans aucun doute une certaine mutation des liens sociaux.
Et puis, c’est malheureusement dans l’épreuve, mais c’est la première fois que l’humanité est confrontée à un défi ressenti et partagé par tous. Ce pourrait être une préparation salutaire aux prochains défis de l’environnement et du réchauffement climatique.
Rien n’est encore écrit. Comment savoir ? Le meilleur moyen de prévoir l’avenir, c’est de le construire.
Voir aussi :
Coronavirus, une crise économique pas du tout comme les autres
Cet article est l’éditorial du numéro d’Avril 2020 de Réflexions Immobilières, la revue de l’IEIF