Les CGP entendent souvent ces questions : que va-t-il se passer sur les marchés ? Que va faire la Bourse ? Où va l’immobilier ? Attention, explique Guy Marty au micro de Fabrice Cousté sur Radio Patrimoine, le Conseil en Gestion de Patrimoine n’a pas besoin d’avoir une conviction ou une idée sur l’avenir immédiat, même s’il emmène son client dans une direction ou dans une autre. Son expertise est ailleurs.
Fabrice Cousté : À l’heure de boucler les valises et de partir peut-être pour certains vers le soleil, en tout cas on le souhaite à tout le monde, on peut se poser des questions sur ce qui va se passer pendant cet été. Normalement, il y a le marronnier de l’été chez les journalistes. L’été sera chaud sur les marchés ? Est-ce votre sentiment ? Est-ce que le conseiller en gestion de patrimoine doit tout savoir ou doit préparer toutes les éventualités ?
Guy Marty : Il me paraît important de dire d’abord que s’il arrive quelque chose au marché, ce n’est pas la faute du CGP ! Il n’est pas responsable, même s’il a emmené son client vers la Bourse, qu’il lui a fait faire un PEA ou autre chose. Ce n’est pas de sa faute si maintenant le marché baisse !
Innocenter le CGP
Mais surtout, à mon sens le CGP n’est pas là pour savoir ce que vont faire les marchés. Les économistes là-dessus se trompent, les experts se trompent. C’est dans la nature des marchés de surprendre, d’avoir toujours en réserve un stock de surprises pour les investisseurs. Donc le CGP n’a pas besoin de savoir.
Toute l’idée quand on joue une partie d’échec n’est pas de penser ou d’être télépathe et de lire dans l’esprit de l’adversaire. C’est de dire : je sais ce que je vais faire, quoi qu’il fasse.
Et là, il y a des règles, il y a des règles très simples.
C’est à dire que si un placement comme la Bourse ou comme l’immobilier est supposé être de long terme… Autrement dit, quand tout allait bien, on a dit au client, voilà, je vous vends des SCPI, mais attention, c’est un placement de long terme. Ou je vais vous emmener vers la Bourse, mais attention c’est un placement de long terme. Cela ne va pas devenir un placement à court terme le jour il y a une secousse de marché ! Il faut être cohérent.
Placements : ne pas confondre long terme et court terme
Fabrice Cousté : Cela veut dire qu’il ne faut pas paniquer à la première secousse. Il faut rester dans le temps long qu’on avait défini, rester sur sa stratégie,
Guy Marty : Exactement, garder le cap. Il y a une tentation aujourd’hui par exemple de dire, on va vendre ce qu’on avait ici, ce qu’on avait là et puis on va faire un peu plus de livret A, un peu plus de comptes à terme, pourquoi pas des produits structurés. Et comme ça, on va profiter des taux. C’est intelligent à court terme. Sauf que, lorsqu’on étudie les performances sur longue période des investisseurs, on s’aperçoit qu’un peu de court terme, même intelligent, plus un peu de court terme, plus un peu de court terme ne font jamais la performance du long terme.
Fabrice Cousté : Parce que dès qu’on va descendre du train, le train peut redémarrer sans nous ?
Guy Marty : Exactement. En fait, on ne sait jamais à quel moment il faut entrer. Ou à quel moment il faut sortir. Et si on le savait, on serait tous, et nos clients seraient tous, immensément riches. C’est la preuve qu’on ne peut pas le savoir. Or à chaque fois on a du mal à dire « je ne sais pas ». Il est vrai que c’est
difficile pour un économiste de dire « je ne sais pas ce que va faire Poutine, je ne sais pas ce que va faire la Banque centrale et par conséquent je ne peux pas vous dire ce qui va se passer dans trois mois ». C’est difficile !
Fabrice Cousté : C’est d’autant plus difficile quand on est payé pour cela…
Le rôle du CGP
Guy Marty : Mais justement le CGP n’est pas payé pour savoir ce qui va se passer. Il est payé pour donner des bons comportements, quel que soit ce qui va se dérouler.
Par exemple, avec la hausse des taux d’intérêt, on peut s’attendre à ce qu’en Bourse le Price/Earning, donc le rapports Cours sur Bénéfice rebaisse. Ce ratio était très bas dans la période des taux élevés, il est remonté très haut depuis les taux bas. On avait facilement des Price/Earning à 15, 20 sur les différentes Bourses. Maintenant que les taux remontent, le Price/Earning pourrait baisser. Cela change d’un cran, cela fait descendre d’un cran le niveau structurel de la Bourse, autour duquel se font les hausses et les baisses. Donc cela veut dire qu’il va se passer quelque chose. En Bourse, cela se fait toujours un peu violemment. Donc c’est le moment ou jamais de faire ce qu’on appelle le versement programmé ou le versement régulier. En mettant le même montant chaque mois, on peut profiter s’il y a des secousses, par exemple.
Fabrice Cousté : Voilà ce qu’on appelle le DCA (Dollar Cost Averaging), c’est-à-dire qu’on investit chaque mois la même somme
Guy Marty : Tout à fait, pour la Bourse, c’est ça. Et pour l’immobilier, quand on a pris un cap, on s’y tient.
Fabrice Cousté : Et tant pis s’il y a une crise de court terme ?
Guy Marty : Oui, parce que, par définition, les crises sont du court terme. Sinon cela s’appelle la fin du monde… et je suis contre 🤗
Fabrice Cousté : Voilà pour les bons conseils de Guy Marty juste avant de prendre vos congés. Et puis on espère que vous laisserez votre conseiller en gestion de patrimoine prendre aussi ses vacances ! Merci Guy Marty, on se retrouve après l’été. Bel été à tous.
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