L’immobilier a déjà initié son virage numérique, ouvrant la perspective d’une restructuration des métiers de l’immobilier. La technologie blockchain n’est toutefois pour l’heure que très peu développée et commence seulement à être déclinée au niveau de la dématérialisation de l’acte d’achat. Mais les choses pourraient changer rapidement…
L’immobilier a déjà initié son virage numérique. Ces dernières années se sont en effet succédé nombre d’innovations digitales: l’arrivée des plateformes de location touristique ; l’émergence des visites virtuelles ; la mise en place de contrats 100% digitaux ; l’irruption du big data dans les process de commercialisation; la révolution de la gestion de locative via l’intelligence artificielle; la conception, la construction, l’exploitation, ou la maintenance des immeubles grâce au BIM (Building Information Model) ; ou l’accès facilité à l’e-réputation sur les réseaux sociaux… Toutes ces avancées digitales ouvrent la perspective d’une restructuration complète des métiers de l’immobilier, vers plus de simplicité et de transparence. La technologie blockchain, au centre précisément de cette ambition, n’est toutefois pour l’heure que très peu développée et commence seulement à être déclinée au niveau de la dématérialisation de l’acte d’achat. Mais les choses pourraient changer rapidement…
La blockchain au service de l’un des secteurs les plus protégés par l’ancien monde
Ne nous y trompons pas : l’utilisation de la blockchain ne se restreint pas à l’émission de « jetons » – token -. Dans le domaine de l’immobilier, il ne s’agit même que d’une déclinaison (très) partielle de ce registre dématérialisé qui, certes, préfigure l’émergence des asset back tokens (jetons basés sur des actifs immobiliers), lesquels fourniront l’accès à des droits immobiliers (les OPCI du futur ?) ou qui constitueront une future cryptomonnaie basée sur de l’immobilier (en espérant ainsi en réduire la volatilité).
Car la blockchain est avant tout la clé d’un marché immobilier en quête de transparence. Cette technologie permet en effet de faire les vérifications d’usage lors d’une transaction immobilière, de la sécuriser – car les données, pour autant que la programmation initiale soit fiable, ne peuvent pas être modifiées ultérieurement -, de réduire les risques de fraude (en matière d’expertise ou de paiement), et d’en limiter la durée d’exécution – les transactions deviennent quasi instantanées grâce au « smart contract » où tous les éléments (paiement, attestation de vente…) sont pré-inscrits, sans intervention d’un tiers -. La technologie blockchain permet également une mise à disposition publique de toutes les données liées à une transaction, et de disposer d’un historique pour chacune des propriétés échangées via cette procédure.
Tirer profit de la technologie de la blockchain et soutenir de nouveaux cas d’utilisation dans le domaine des financements alternatifs ?
L’application de la blockchain aux transactions n’est que la première étape d’une dématérialisation encore plus poussée des données immobilières. Car toutes les informations attachées à un bien immobilier (liées à sa conception, sa construction, son exploitation, sa maintenance, la gestion des litiges…) peuvent en effet s’inscrire dans la blockchain. Ce sont autant de services qui sont amenés à naître prochainement. Mais, comme pour chaque avancée technologique majeure, un temps d’exploration et d’appropriation est nécessaire. Pour ce faire, le réseau européen de financement participatif (l’ECN – European Crowdfunding Network) vient de mettre en place un groupe de travail, l’« Exploring Blockchain for Alternative Finance[1] » (Explorer la blockchain pour la finance alternative). Ce groupe multipartite, dont je fais partie, a été créé dans le but de refléter les tendances émergentes et établies autour de la blockchain pour le secteur du financement participatif, pour identifier les opportunités et les défis de la mise en œuvre de technologies blockchain. Son objectif est donc d’exploiter le potentiel des technologies de la blockchain dans le secteur de la finance alternative en analysant l’état de la technique. Il s’agit également d’en comprendre les défis et les opportunités, et de fournir des recommandations pour permettre et soutenir des cas d’utilisation par blockchain pour différents secteurs. La blockchain est une révolution technologique, et non celle d’un nouvel usage…
[1]http://eurocrowd.org/work-groups/exploring-blockchain-alternative-finance/