« Pour les experts, l’élection d’Emmanuel Macron marque un nouveau tournant pour l’Europe continentale », écrit Béatrice Guedj, Directrice de la Recherche de l’IEIF. « Les premières mesures attendues pour l’économie française, selon les scenarii dessinés, devraient être market friendly, favorables à l’investissement et à la compétitivité française », poursuit-elle.
Sur les trois premiers mois, la croissance française ralentit à – 0,3 % contre – 0,5 % antérieurement, un peu décevant au regard des performances de l’Allemagne à + 0,5 % et celles de l’Espagne à + 0,7 %, toujours dans le peloton de tête de la zone euro.
Démarrage de la croissance en petites foulées au T1 2017 – Sur un an, la hausse est de 0,8 % tandis que l’acquis de croissance est à + 0,7 %, ce qui laisse espérer une année 2017 meilleure que 2016, toutes choses égales par ailleurs. Le ralentissement de la croissance du PIB au T1 2017 s’explique par une faible contribution de la consommation des ménages et une contribution négative du commerce extérieur, en regard d’une très forte accélération des importations (+ 1,5 % sur un an). En revanche, l’investissement renoue avec une pente ascendante et les stocks se reconstituent, gage du meilleur optimisme des perspectives économiques en zone euro. En 2017, la France bénéficierait d’une plus forte demande extérieure puisque la croissance mondiale se raffermit : elle est estimée à 3,3 % par l’OCDE et le FMI.
Un second trimestre en marche accélérée ! En zone euro, au mois d’avril, l’indice PMI, indicateur avancé du PIB, touche un point haut historique, non observé depuis les six dernières années. Aussi, au T2 2017, nous en inférons par une simple régression que la croissance du PIB en zone euro pourrait ainsi atteindre 2,7 % sur un an. En France, les indicateurs avancés liés au climat conjoncturel, aux carnets de commandes tant sur le marché domestique qu’extérieur sont en hausse. La contribution du commerce extérieur devrait ainsi devenir positive dans les prochains trimestres, ce qui soutiendrait l’investissement d’ici la fin de l’année. Le taux de marge des entreprises oscille autour de 31,8 % contre 30 % en moyenne depuis 2012, témoignage d’une croissance plus durable. La croissance de l’emploi salarié marchand se poursuit (+ 1,9 % sur un an dans le tertiaire) et le taux de chômage recule à 9,7 %. La productivité est en hausse de 0,4 % en rythme annuel, soutien direct à plus de compétitivité. Selon nos estimations, sur des indicateurs disponibles jusqu’à fin avril, la croissance du PIB au T2 serait de 0,5 %, ce qui porterait l’acquis de croissance à 1,1 %. Enfin, suite à l’élection d’Emmanuel Macron à la Présidence de la République, les perspectives de croissance nouvellement affichées par les banques et autres institutions pour la France sont en hausse de 10 bps à 30 bps en moyenne.
Le risque spécifique sur la France et le risque systémique européen se sont évaporés ! Cet engouement n’est pas qu’une seule réaction à chaud. Pour les experts, l’élection d’Emmanuel Macron marque un nouveau tournant pour l’Europe continentale, via un nouveau souffle politique et une dynamique économique de la zone plus ouverte. L’exception française, face aux votes populistes britannique et américain, fait des adeptes tandis que d’autres célèbrent la France comme le pays des Lumières à l’heure d’enjeux économiques et sociaux majeurs. L’axe franco-allemand est perçu comme plus solide car plus équilibré. Ce meilleur équilibre politique serait engendré par une croissance économique plus intégrée entre la France et l’Allemagne : l’écart de taux a continué de se resserrer.
Les premières mesures attendues pour l’économie française, selon les scénarii dessinés, devraient être market friendly, favorables à l’investissement et à la compétitivité française, dont la baisse du taux d’impôt sur les sociétés à 25 %. Le duo franco-allemand serait ainsi plus à même de réaffirmer son leadership dans les négociations liées au Brexit, ce qui à terme doperait la croissance potentielle de l’Europe continentale. Après les envolées, quid du marché immobilier à court terme ? Le marché locatif devrait se caractériser par de nouvelles éclaircies, notamment sur les 15 premières métropoles françaises, soit celles qui surperformeront la croissance nationale de 25 à 75 bps en moyenne. Le marché de l’investissement devrait rester solide, soutenu par une croissance confirmée et des anticipations de croissance à moyen terme en hausse. Pour l’heure, wait and see le 18 juin, date symbolique d’un Appel pour une France optimiste et innovante !
A propos de l’IEIF
Créé en 1986, l’Institut de l’Epargne Immobilière et Foncière est un organisme d’étude et de recherche indépendant qui met à disposition des décideurs immobiliers des outils de veille, d’analyse et de prévision. Il a pour vocation d’être un incubateur d’idées pour la profession et un cercle de réflexion des professionnels de l’immobilier et de la finance. L’IEIF s’articule autour de quatre pôles d’activité : les marchés immobiliers (Tertiaire et Logement) ; les fonds immobiliers non cotés (SCPI-OPCI) ; les fonds immobiliers cotés (SIIC-REITs) ; le Club Analyse et Prévision.