Arbitrer un match de football, arbitrer entre plusieurs placements… Comment se fait-il que le même mot ait autant d’usages différents dans des domaines parfois si éloignés ? Dimanche matin 18 octobre, Guy Marty s’est trouvé en présence du footballeur Benjamin Nivet sur les ondes de Sud Radio, dans l’émission Osez investir animée par Philippe David et Thomas Binet. Une occasion rêvée de parler d’arbitre et d’arbitrage.
Podcast : la présentation spéciale de Benjamin Nivet par Thomas Binet, puis à 3’00 » l’interview de l’ancien footballeur, puis à 8’45 » l’anecdote de Guy Marty dont le texte est repris ci-dessous.
Aujourd’hui, nous allons parler de sport et de placements sous un angle inhabituel.
L’origine du mot « arbitre »
Au football, comme dans un certains nombre de sports, il y a un arbitre. Le mot est intéressant, car il vient du grec et il voulait dire « celui qui vient, qui apparaît » pour désigner le témoin, dans une affaire de justice. Puis le mot a été réintroduit au Moyen-Âge, dans l’un des tout premiers romans de la littérature mondiale, le Satyricon de Petrone. Là, le mot « arbitre » désignait une femme qui réglait les querelles… Et puis, l’usage du mot s’est généralisé pour toute personne qui cherche à résoudre un différend, et notamment un juge.
Mais le juge décide, donc arbitrer est devenu synonyme de décider, d’où le libre-arbitre, valeur fondamentale s’il en est.
Puis au 19ème siècle, les sports ont adopté le mot arbitre en même temps qu’ils ont créé ce rôle.
Au 20ème siècle la finance s’est emparée du mot : arbitrer, c’est acheter et vendre pour faire un bénéfice rapide. D’où les « arbitragistes », terme désormais remplacé, même en français, par les fameux « traders ».
Enfin, dans les premières années de notre jeune 21ème, le mot est venu aussi dans le domaine des placements et de la gestion de patrimoine. Arbitrer, c’est quitter un placement pour en choisir un autre. Par exemple, le gouvernement aujourd’hui aimerait bien que les français arbitrent leur épargne de précaution contre des placements long terme.
L’arbitre au football…
Mais il existe une différence considérable entre la qualité de l’arbitrage au football, et l’art de bien arbitrer ses placements.
L’arbitre qui siffle un coup franc ou qui tend un carton jaune, constate ce qui vient de se passer. Toute sa performance tient dans l’acuité de son regard et la rapidité de sa réaction. Son présent, celui de son excellence, c’est ce qui vient de se passer, au quart de seconde près.
…et l’arbitrage entre placements
Dans les placements au contraire, l’arbitrage engage l’avenir, le temps long. Peu importe ce qui s’est passé, c’est exclusivement le futur qui compte. Autrement dit, on a le temps de réfléchir, de bien réfléchir. Et normalement, si l’on veut bien réussir sa vie financière, on ne fait que très peu de grands arbitrages dans une vie.
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