À qui appartient l’épargne ? C’est la question que l’on a envie de poser face aux nombreux reproches sur l’épargne des Français. Il y a trop d’argent qui dort sur les comptes bancaires et sur les livrets. Aussi, les Français investissent mal. Ou encore, il faudrait flécher l’épargne vers l’économie. Examinons ces accusations.
Bonjour,
J’espère que vous allez bien, que vous êtes en forme et que vous avez le moral !
Vous connaissez le Petit Prince de Saint Exupéry. Il disait des grandes personnes qu’elles jouent à être sérieuses. Elles font donc des choses sérieuses. Et finalement elles se prennent au sérieux…
Voilà, c’est ce qui est en train d’arriver à nos dirigeants quand ils se penchent sur l’épargne récemment accumulée par les Français.
Plusieurs réflexions sont émises à ce sujet.
La première est une condamnation pure et simple.
L’épargne de précaution répond à la situation
Ce serait erreur de garder de l’argent sur des comptes bancaires ou des livrets d’épargne. Bref, nous ne serions pas intelligents. Et il faudrait d’urgence gérer notre argent à notre place…
Là, j’aimerais dire quelque chose de simple. Il y a beaucoup d’agent en attente parce qu’il y beaucoup d’inconnues. On épargne pour préparer l’avenir. Or aujourd’hui l’avenir est difficile à décrypter. Certaines inquiétudes planent. Les marchés sont au plus haut, la Bourse comme l’immobilier. On nous parle d’une inflation qui pourrait se réveiller sérieusement. Quand on ne sait pas de quoi demain sera fait, il est raisonnable d’être prudent. Donc de l’argent en attente.
Et c’est la deuxième réflexion sur notre épargne. Elle devrait s’injecter dans l’économie.
Mais qui a dit que l’épargne des Français était mal investie ?
D’abord, il faut savoir quelle est la légitimité de celui qui fait le reproche. Des responsables politiques qui ont depuis des décennies, mené la France à un surendettement, font des reproches à leurs citoyens qui, eux, ont des comptes positifs. Cherchez l’erreur !
Les Français investissent mieux qu’on ne le dit
Mais quand même, posons-nous la question. Est-ce que l’épargne des Français serait mal investie ? Eh bien j’ai les chiffres, sources officielles de l’INSEE et de la Banque de France. Voici la photo, au 31 mars 2021, de l’épargne des Français :
Trois catégories : les monnaies et dépôts, les autres actifs financiers, et les actifs non-financiers.
- Monnaie et dépôts : 1 756 Mds d’euros. C’est ce montant qui a progressé récemment puisque la crise sanitaire a fait passer les chiffres de 1 500 à 1 700 milliards.
- Autres actifs financiers, autrement dit surtout les contrats d’assurance-vie, essentiellement investis en emprunts d’État. Mais aussi la Bourse. Sans oublier les actions de petites entreprises. Au total 4 488 Mds d’euros. Eh bien, cette catégorie-là aussi a progressé. De presque 300 milliards depuis un an et demi.
- Enfin, les actifs non financiers, c’est à dire surtout l’immobilier, 9 092 Mds d’euros.
Qui voudrait prétendre que c’est une mauvaise structure ? C’est vrai, il pourrait y avoir un peu plus d’actions d’entreprises :
- cela serait sans doute plus efficace sous l’angle de la rentabilité à long terme des placements
- et cela aiderait l’économie, donc finalement tout le monde y compris les épargnants
Mais reconnaissons que la photographie est nettement mieux que ne le laisseraient penser les commentaires systématiquement négatifs. L’épargne de précaution, celle qui est incriminée, représente moins de 15 % de l’épargne totale des Français.
Épargne et liberté, même combat
Le problème, c’est qu’il y a une troisième réflexion sur cette épargne.
Puisque l’État a tellement besoin d’argent, puisqu’il faut soutenir l’économie, cette masse d’épargne simplement déposée ne pourrait-elle pas être mise à contribution ? Après tout, le gouvernement sait ce dont l’économie a besoin, pourquoi les épargnants refuseraient-ils de le faire ?
Ils sont extraordinaires, ces gouvernements qui veulent orienter notre épargne ! Seulement voilà, on ne mobilise pas l’épargne comme on lève l’impôt. Pour une raison simple. L’épargne pour la précaution, ou pour les projets, relève de l’initiative individuelle.
Il y a déjà beaucoup de prélèvements, d’impôts et de taxes en tous genres. L’épargne est le dernier îlot de liberté qui reste en matière d’argent. Alors cessons de dévaloriser ou de culpabiliser les Français sur la façon dont ils gèrent ce petit espace de liberté financière.
Voir aussi :
L’épargne est-elle une aventure sans risque ?
Ce que vous ne saviez peut-être pas sur la diversification des placements