La Bourse se porte bien. Le CAC 40 a retrouvé ses niveaux de 2007, et n’est pas loin de retrouver ceux de la bulle internet. Cela soulève deux questions. La première, pourquoi faut-il si longtemps pour que les actions… ne progressent pas réellement ? Et surtout, ne sommes-nous pas à nouveau dans une bulle dont il faudrait se méfier ? Pas si simple, répond Guy Marty au micro de Fabrice Cousté, sur Radio Patrimoine.
Fabrice Cousté : Aujourd’hui on va parler Bourse, et cette bourse elle est impressionnante. Elle a retrouvé les niveaux de 2007 avant la grande crise des subprime.
Le long terme est parfois très long
Guy Marty : C’est exact mais elle n’a pas retrouvé le niveau de septembre 2000. Presque ! On a des chances d’y être dans quelques jours ou quelques semaines.
Alors il y a deux enseignements. Le premier c’est que le long terme est parfois long, parfois très long. Parce que si vous prenez septembre 2000 et mai-juin 2021, ça fait quand même plus de 20 ans pour retrouver un niveau. Et pourtant, il était possible de gagner ! Il y avait en réalité deux façons :
- la première, c’était de bien choisir son secteur ou ses valeurs. Si vous prenez une bonne valeur industrielle comme Air Liquide, entre 2000 et aujourd’hui, multiplication par 4. Si vous prenez une valeur plus à jour, plus moderne, vu d’aujourd’hui, LVMH : sur 20 ans multiplication par 10…11. Autrement dit, bien choisir ça peut marcher. D’où le recours aux OPCVM.
- Et puis, il y a une autre façon, c’est le PEA (Plan d’épargne en Actions), c’est l’investissement régulier. Parce que dans toute cette période si vous avez mis un montant fixe, au moment où ça a monté, vous avez acheté moins, au moment où ça a baissé, vous avez acheté plus. Et ce mécanisme a permis en fait, de gagner beaucoup d’argent une fois les dividendes réinvestis.
Fabrice Cousté : C’est le principe consistant à lisser ses investissements dans le temps. Vous nous avez parlé d’un premier enseignement, quel est le deuxième ?
Pourquoi n’avez-vous pas acheté plus d’actions américaines ?
Guy Marty : Le second enseignement, c’est qu’il faut faire attention à ne pas raisonner franco-français surtout aujourd’hui. Si on prend la Bourse de New York, elle a fait entre 2000 et 2007 comme la Bourse de Paris. C’est à dire que le Dow Jones était à 17 300 en 2000 et était à 17 800, donc à peu près le même niveau, en octobre 2007. Mais aujourd’hui, le Dow Jones est à 34 600. Autrement dit, il y a eu doublement entre 2007 et aujourd’hui. La Bourse de Paris a été étale et la Bourse de New York a fait 100 % pendant ce temps-là.
Le rôle du CGP est de passer au travers du miroir de l’actualité et de chercher les tendances de fond de l’économie
Qui a acheté la Bourse de New York ? Qui a recommandé systématiquement d’acheter les actions américaines ? Donc il faut voir que l’actualité boursière est extrêmement trompeuse ! Parce qu’on s’intéresse à tout ce qui bouge et on oublie les tendances de fond. Et en fait le rôle du CGP, me semble-t-il, c’est de passer au travers du miroir de l’actualité et d’aller regarder, d’aller chercher les tendances de fond de l’économie, là où elle se passe, là où elle avance.
La Bourse ou la Bulle ?
Fabrice Cousté : En 2000, en 2007 et aujourd’hui, on est pratiquement revenu au plus haut. Est-ce-qu’on n’est pas dans une bulle ?
Guy Marty : Oui, sûrement et heureusement. Vous savez, il faut acheter les bulles. On a tendance à dire « les bulles, c’est horrible, on n’aurait pas dû, il ne fallait pas, on aurait dû savoir etc… » En fait, pas du tout. Vous prenez la bulle internet, donc 2000, mais vous auriez acheté Apple ou Google à ce moment-là, vous auriez fait fortune. En fait, qu’est-ce que c’est qu’une bulle ? Une bulle c’est un phénomène annonciateur d’un monde en train de changer. Alors effectivement c’est très difficile d’acheter dans une bulle. C’est pour ça que je pense que si vous avez des valeurs sur lesquelles vous avez bien gagné, c’est peut-être le moment de commencer à alléger le portefeuille et passer un peu plus en liquidités.
Mais il faut se dire que dans un monde qui bascule, il y a des valeurs d’aujourd’hui qui seront des grandes valeurs demain. Voici deux exemples :
- Il s’est passé quelque chose d’extraordinaire pendant le confinement. Est-ce que vous savez que la capitalisation boursière des semi-conducteurs a dépassé la capitalisation boursière de l’énergie ? Voilà un événement extraordinaire ! C’est un monde qui change ! La grande capitalisation boursière de l’énergie s’est fait dépasser.
- Autre exemple, l’indice des valeurs d’énergie renouvelable vient de complètement s’échapper de l’indice global de l’énergie. Oui, le monde change.
Comment bien investir en Bourse
Alors oui, bulle sans doute. Bien sûr il ne faut pas faire n’importe quoi. Mais je pense que concrètement le CGP a un outil assez robuste pour jouer la Bourse quand même… ce sont les OPCVM. Pourquoi ? Parce que dans un monde qui change, il faut être souple. Le gérant, il peut gérer tous les jours. Et il vaut mieux être un peu diversifié, ou suffisamment diversifié, parce qu’il y a beaucoup de surprises. Et peut être que les bonnes valeurs, on ne les a pas encore parfaitement identifié, celles qui seront bien dans 5 ans, 10 ans…
Donc je pense que la bourse reste dangereuse et qu’elle reste un placement assez extraordinaire. J’aimerais revenir sur un « basique », sur un « fondamental » : les deux composantes qui devraient être importantes dans un patrimoine, eh bien c’est l’immobilier, et ce sont les actions d’entreprises.
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